Wes est ce qu'on peut appeler quelqu'un du matin, non pas parce qu'il adore particulièrement se lever tôt, mais plutôt parce qu'il n'a jamais été un gros dormeur - il est même carrément plus du genre insomniaque. Ca lui a jamais vraiment posé de problème, plutôt que de se tourner dans tous les sens possibles au fond de son lit, il a toujours fait en sorte d'optimiser ce temps précieux qu'on lui donnait. Adolescent, il passait des nuits entières à coder ou à jouer.
Cette nuit, Wes a dormi à peu près 5h, ce qui est quasiment un record pour lui qui peine à cumuler plus de trois ou quatre heures de sommeil d'affilée, sans se réveiller. Ca relève même du miracle et ça le rend d'assez bonne humeur. Comme d'habitude, il est sorti de son lit aux alentours de 5h du matin, il a bu un grand verre d'eau et de citron tiède et il est allé courir pendant une bonne heure. Il a pris sa douche, un café, et il est retourné s'enfermer dans sa chambre où un tas d'e-mails à traiter l'attendaient patiemment. Wes, en gars organisé, il déteste que sa boîte mails soit remplie. Il trie ses mails par sujet ou émetteurs. Il aime que tout soit clair. Logique. Organisé. Rangé. C'est à la limite du maladif. Le désordre le stress et le rend anxieux. Tout comme les surprises. Les imprévus. Les aléas. Etc... "WES LEVE-TOI ! BOUGE TON CUL " La voix stridente de Mace résonne dans l'appartement. Parfois il aimerait bien l'étrangler pour lui faire passer l'envie de se mettre à gueuler comme une hystérique dés le matin, mais qu'est-ce que vous voulez, il semble qu'elle ait toujours pas compris qu'il a pas besoin d'elle pour se lever le matin. Les femmes....
Le brun jete un regard équivoque à son écran, comme s'il avait une vraie personne en face de lui et qu'il pouvait le comprendre, il soupire et se lève, enfile un t-shirt, un short de sport, et il va rejoindre Mace dans la pièce centrale : leur chef d'oeuvre encore en travaux. Elle est entrain de préparer des pancakes, il entend le crépitement de la pâte sur la poêle. Et il voit les tâches qu'elle a fait par terre, elle en a renversé en toute impunité. Elle croit qu'elle va pouvoir s'en sortir comme ça. A foutre le bordel partout où elle passe et en écoutant des musiques de dessin-animé. Wes remplie sa tasse de café, il s'assoit. " J'ai réfléchi à cette histoire de baby-foot, et je crois que le mieux c'est qu'on le mette au centre de l'espace bar, on va acheter un baby-foot qui peut se convertir en table. J'en ai vu un sur Amazon. Pratique et design. Il sera livré mercredi prochain. "

Mace a tout compris, il est même surpris par sa perspicacité. Il l'observe traduire ses propos, sourcil arqué, et elle lui arrache un sourire alors qu'il hoche la tête pour valider. " J'avais bien évidemment pris en compte le fait que ta qualité de femme ne te permette pas de monter un meuble, pas de soucis, " la raille-t-il. Oui, le baby-foot est déjà commandé et prêt à arriver. Oui, il a eu le service client d'Amazon au téléphone. Mieux que ça, en fait. Quand il y repense, il est assez fier de lui. Mais Mace le coupe dans ses rêveries auto-centrées, elle rétorque, mais il la fixe, fait mine de ne pas comprendre son second degré. Un système centralisé qui ne réponde qu'à elle. Et puis quoi, encore ? Il boit une gorgée de son café noir et l'observe par dessus la tasse. Le sujet revient au baby-foot et à comment il a fait. Génial ! On reparle un peu de lui. Il s'enthousiasme, se prépare, ça fait depuis hier soir qu'il attend pour lui raconter, " Je lui ai dit qui j'étais, " à ce moment il serait prêt à faire un drop the mic digne de ce nom, il empeste la fierté c'est écoeurant. Mais quand même, il est content de lui, et il peut. " Bon en fait, il s'avère que je connais un de leur category leader, comme ils appellent ça... C'est un genre de chef de rayon version e-commerce, s'tu veux. Le mec est chargé de toute une gamme de produit vendue dans une zone géographique donnée. Bref. Je l'ai appelé. Il a contacté directement le fournisseur. Il nous a offert les frais de livraison. End of the story. " End of the story, end of the story. Evidemment il espère lui en mettre pleins les yeux. Probablement qu'elle se doute pas qu'il peut être aussi plein de ressources. Enfin, qu'il puisse connaître des gens, c'est une chose, mais qu'il en profite ? Wes Franklin ? Appeler un vieux pote de fac pour lui demander une ristourne ? C'était un truc qu'il n'aurait jamais osé faire deux ans plus tôt. Mais maintenant, c'était différent. " Tu verras, je suis sûr qu'il va te plaire, " dit-il entre deux nouvelles gorgées de café. Il lui accorde un sourire confiant et passe une main dans ses cheveux pour les recoiffer un peu. Lui, il a hâte que les travaux soient terminés. Inutile de vous dire que tout ce bazar pas terminé ça a le don de l'agacer et de le stresser. Il attend qu'une chose, c'est de pouvoir se poser dans son canapé, de regarder un film et de contempler cette belle réussite qu'il partage à deux, qui va se concrétiser par la fin des travaux de leur beau loft. Il échangerait sa place pour rien au monde. Même si Mace peut avoir un caractère de merde. Il s'ennuierait sans elle, et puis il a besoin d'elle pour le pousser dans ses retranchements et lui tenir tête. " C'est quoi ton programme pour aujourd'hui ? "