Crâne claquant autant qu'un tambour. Gémissement sortant du fond de ta gorge, tu n'allais pas bien, aujourd'hui, c'était un de ces jours moroses ou rien ne va, jour que tout le monde connait au quotidien, certains plus que d'autres. Tu avais ce manque, cette remise en question, cette boule dans la gorge remontante tandis que tu regardais cette vielle photo, elle était morte, depuis tellement longtemps déjà, ça te semble hier ou les gyrophares se sont posés devant ta porte, t'annonçant que tu avais perdu un bout de ton coeur, que tu ne la reverrais plus jamais sourire, que c'était la fin tout simplement. Tu aurais pu être avec elle, elle t'avait proposé de venir, tu avais refusé, tu devais repeter, tu avais une scène ouverte bientôt, tu allais jouer du violoncelle, devant tout le monde, tu allais briller ... Finalement tu n'y participas même pas ... Foutue vie. Vie morose, vie ou tu te lèves pour prendre encore des médocs, médocs pris comme des sucreries comme si ça allait finalement changer quelque chose. Tu aurais pu prendre des pillules magiques, celles qui font tout briller, qui rendent tout beaucoup plus beau mais tu n'étais pas de ce bord là, tu préférais la réalité à un rêve temporaire qui se termine par une descente suicidaire. Une vie ou tu te rends compte que des medocs, tu n'en as plus, qu'il faut juste descendre la rue, a peine la traverser, avantage de vivre dans une petite ville, tout est à proximité ...
Tu te vois descendre, stone, morose, douleur dans tout le corps, douleur somatisée probablement ... Trop de stress, trop de mal accumulé qui finit par ressortir par tout les moyens, qui a decidé de ressortir par tes tempes cette fois ci ...

Quelques mètres à faire seulement, passage trop loin pour toi, ou est le danger finalement, tu passais tout le temps par là, tu n'avais qu'a faire attention, tu ne l'as pas fait cette fois ci, tu n'as pas regardé, tu étais ailleurs, tu n'as pas fait attention à cette voiture allant trop vite, à cette voiture crissant les pneus pour ne pas te percuter. Tu ne t'es rendue compte que de la douleur de la chute, de la pluie sur ta joue ... Etais ce ça la réalité ? Le bruit s'accumulait autour de tes oreilles, bruit bourdonnant sans que tu en comprenne le sens "Au secours ..." Tu le murmurais dans un songe, sans bouger, sans ciller, tu n'étais pas prête à la rejoindre, pas maintenant ... C'était trop bête. Etat de choc.

rien à voir avec ces sales gosses adeptes du binge drinking mais un verre c’est un verre. de whisky pour être exact. celui qui fait relâcher la pression et qui oublie l’espace d’un instant la pédale de frein. j’étais pas ivre mort. j’étais pas ivre. j’étais autant ivre qu’un obèse s’enfilant trois boules de raisin au rhum. que dalle. sauf que que dalle c’est suffisant même à quarante kilomètres. non parce que j’devais probablement dormir pour aller aussi doucement. le carrefour est pas bondé. et cette conne, appelons un chat à un chat, traverse sans même regarder. et c’est pour moi, moi et mon pauvre verre de whisky à moitié vide qui trinque, santé. tu viens de renverser quelqu’un noel heskey, félicitations. après le feu rouge orangé tu es sur la bonne voie pour t’faire sucrer ton permis de conduire. et t’auras l’air très fin, tiré à quatre épingles sur ton vélo décathlon pour aller plaider à la cour. le bruit de l’impact ne fait pas vrombir le capot mais je grimace. j’ose à peine imaginer quel animal je viens par erreur de ramasser. l’airbag vient rompre mes poumons alors que je tente tant bien que mal d’ouvrir ma portière. le vent s’engouffre violemment alors que je reprends des couleurs. les voitures ralentissent. d’autres connards encore klaxonnent un peu plus loin. c’est peut-être la pluie.
c’est sûrement la pluie, même si je viens de niquer mes pneus sur la chaussée. décidément, tout est contre moi ce soir. je soupire, titube sur le goudron. je crois que j’ai mal. là dans la poitrine. c’est comme si la ceinture m’avait littéralement scié en deux. mais j’ai pas l’droit d’me plaindre normalement. alors j’encaisse. j'acquiesce nerveusement pour me donner du courage. la fille est là, à même le sol. inerte. presque endormie. paisible. tranquille. j’pense que j’aimerais mourir comme ça, quitte à y laisser un peu d’mon sang. j’arrive pas à courir dans tous les sens. parce que ceux qui se pressent autour de cette pauvre fille sont bien plus doués que moi en la matière. ça me regarde comme un fou dangereux. mais j’ai beau être en costard, ça fait pas d’moi un manchot. j’ai pas l’air comme ça mais j’sais comment y faire. parce que merde, j’veux pas qu’elle tombe inconsciente non plus, elle semble bien trop jeune. je passe une main sur sa joue, j’ai les genoux dans la flotte. c’est dramatique. hey, oh? vous m’entendez? faut pas suivre la lumière blanche hein? demi-tour, j’suis pas pompier mais ça va l’faire. j’essaie de me convaincre en disant ça, c’est moyen. très moyen. je donne des petites claques affolées contre ses joues. elle m’a pas l’air au bord de la mort. seulement un peu secouée.

Tu n'avais pas envie de mourir, tu en étais sûre maintenant, tu aurais bien aimer vivre cette connerie ou on sort du corps, ou on voit un tunnel, peut être que tu l'aurais vu, peut être que tu l'aurais vu, elle, en paix et que tu aurais enfin été apaisée, que tu aurais enfin pu continuer ta vie en ayant une vie dénuée de cette culpabilitée cuisante ... Mais tu ne vivais rien de tout ça, tout était bien réel et tu étais consciente, consciente de ta douleur, horrible, dans ta jambe. Cassée probablement, tu n'en savais trop rien, tu ne savais pas vraiment ce qui se passait, tout était flou, tu avais percuté une voiture c'est tout ... Tu sentais le poids de la culpabilité dans la voix de ton interlocuteur. Il te demandait de ne pas suivre la lumière, quelle connerie comme si ces paroles dites par toutes les personnes essayant de controler ce genre de situations disent, juste parce qu'ils ne savent rien dire d'autre ... Parce qu'ils sont completement dépassé par les évenements ... Ce gars semblait totalement dépassé, néanmoins il était là, seul contact qui arrivait à percer ton monde flou ... Seul lien te rapellant qu'il faut s'accrocher malgré tout ... Tu cherchais sa main, ses doigts, tout était de ta faute ... Tu aurais du regarder de chaque coté, tu n'aurais pas du traverser comme ça, tu n'aurais pas du sortir dans ton état ... Trop de gens commençaient à s'accumuler ... A te prendre tes bulles d'air pour que finalement tu te sentes encore plus mal ... "Je ne me sens pas très bien" Serrant la main de ton interlocuteur, tu essayais d'être courageuse, tu n'avais rien de bien grâve, tu te demandais juste comment avais tu pu être aussi bête pour finir sur ce bitûme, tu avais peur ... "Qu'est ... Qu'est ce qu'il s'est passé ... Monsieur répondé moi s'il vous plait ... J'ai mal à la jambe ..." Tu n'aimais pas la douleur, tu aurais du rester dans ton lit, mauvais jour pour toi, petite rousse ...