Tu n'aimais pas vraiment venir ici, l'hôpital. Tu avais été obligée par tes parents après une très grande conversation familiale dont ils avaient le secret. Ton frère te regardait avec sévérité comme si il ne se rendait plus compte que c'était lui le cadet et que malgré tout tu restais sa grande soeur et pas un enfant que l'on devait protéger, tu savais gérer que tu leur avais dis, mensonge que tu ne cru pas un instant. Tu n'avais pas besoin d'eux, tu n'avais besoin de personne que tu disais. Néanmoins, tu avais accepté à contre cœur d'aller dans ce foutu groupe d'aide pour les personnes essayant d'arrêter la drogue, genre le groupe cucul la praline ou chacun s'applaudit pour les efforts qu'ils ont pu faire pendant une journée, ennuyeux à mourir, tu n'avais pas besoin de ça. Qu'est ce que tu pourrais bien leur dire ? Salut, moi c'est Marge, j'ai arrêté la coke depuis une semaine, j'ai envie de frapper quelqu'un et je ne serais certainement pas venue si mes parents ne me cassaient pas la tête pour me bouger. Sûrement oui, tu dirais ça ... Alors pourquoi est ce que tu y allais ? Pourquoi est ce que tu avais accepté, tu étais adulte, majeure, tes parents n'avaient plus vraiment de droits sur toi mais au fond, toi même tu le savais ... Tu avais besoin d'aide et tu ne savais pas vraiment par ou commencer ... Tu savais que tu devais t'en sortir, que tu pouvais en crever comme Sarah en est morte, ça aurait pu être toi, mourant devant ses yeux, ce n'était pas ton heure, tu ne voulais pas que ça le soi. Tu étais jeune, trop jeune, Sarah l'était aussi, toi tu avais une chance, c'est tout.

"Ouais salut, je m'appelle Marge, je n'ai plus touchée à la drogue depuis environ six jours et ... ça va je tiens" Non ça va pas, tu voulais ta dose, tu en avais marre d'être dans ce cercle avec cette conne lui disant que tout irait bien, qu'est ce qu'elle en savait celle là, dans son tailleur à deux cent dollars et ses gosses premiers de classes qui devaient l'attendre bien sagement à la maison ? Elle n'en savait surement rien de la merde ou elle était ... Tu étouffais, vivement que ça se finisse, heueusement que ce supplice ne durait qu'une soixantaine de minutes. Tu sortis la première, marchant vite, ta tête allait exploser, tu suffoquais. Levy était là, ton amie, une des seules qui te restait. Sourire énorme sur ton visage, douleur dans les joues, effort dont tu n'avais plus vraiment l'habitude "Tu sais c'est vraiment l'horreur les groupes de soutiens, la prochaine fois, envoie moi un message pour que je simule une urgence et que je parte plus vite de là" Elle était ton oxygène, une des seules sachant ... Sachant à quel point ta vie était de la merde ... Tu voyais qu'elle était faible, elle était comme toi, dans la merde .. "Ca va Lev' ?" Tu essayais toujours de lui parler de la manière la plus normale possible, tu n'aimais pas qu'elle te traite comme une grosse droguée, elle n'aimait pas qu'on la traite comme une cancéreuse, alors vous n'étiez que Levy et Marge.

Je ne pourrais dire comment la vie peut parfois nous abattre, parfois nous relever. Elle peut nous montrer les meilleures facettes d'une personne comme les mauvaises. Elle est ténèbres et lumière à la fois. On ne sait jamais de ce que sera fait le lendemain. Je l'ai bien su au fil des années alors que certains malheurs m'ont frappés, mais je me suis relevée à chaque fois, la tête toujours plus haute à chaque fois. Malheureusement, cette fois j'ai un peu de mal avec la maladie. Le cancer a toujours été une phobie pour moi, même en travaillant comme infirmière. Malheureusement, je n'ai eu aucune chance. J'ai reçu le diagnostique de cancer du sang depuis quelques mois maintenant et j'essai encore de digérer la nouvelle. Mes traitements de chimiothérapie sont intenses et souvent difficiles. Je vomis presque toutes les fois où je dois faire mes traitements. Je suis fatiguée de devoir les prendre.

Je suis derrière le volant, les doigts jouant d'un instrument imaginaires contre le cuir du volant. Mes yeux, vautrés derrière ces verres fumés, observent une affiche. Je réfléchis plusieurs secondes avant de pencher vers ce que je veux manger. Calmement, j'avance lorsque c'est mon tour et j'énonce que je veux simplement un smoothie aux fruits des champs et c'était tout. La demoiselle me dit le montant exact et me demande d'avancer à la fenêtre. Lorsque c'est mon tour, je tends la main afin de déposer l'argent dans la paume tendue. Je lui dis de garder la monnaie afin de pouvoir lui laisser du pourboire. Elle me gratifie d'un grand sourire puisque le pourboire est plus que généreux et je prends mon breuvage. Je me remets ensuite en route afin d'aller au centre où je devais retrouver quelqu'un. Une jeune femme dont je m'étais liée d'amitié au fil du temps et dont nous étions très proches aujourd'hui. Je sais que je peux me considérer comme l'une de ses rares amis et cela me fait également chaud au coeur.

Dès que je la vois sortir du centre, j'ouvre la portière de ma voiture afin de marcher quelques pas et de l'attendre. Malgré mon sourire qui étire mes lèvres, on peut voir les cernes qui creusent le dessous de mes yeux, la pâleur de ma peau à cause de ma maladie et au fait que j'ai presque tout le temps envie de vomir. Je m'approche de la jeune femme, mes bras venant doucement l'enlacer alors que j'étais heureuse de la voir. '' - Haha! Très bien ma belle, la prochaine fois je t'enverrai un message pour que tu puisses sortir de ce groupe. Je sais que parfois ils peuvent te faire du bien, mais on a pas envie tous les jours! '' Je ne voulais lui dire qu'elle était obligée d'y aller, mais qu'il y avait toujours de meilleurs jours. '' - Oh tu sais, j'ai vécue meilleure journée que celle-là! Je sors d'un traitement de ce matin. Je suis pas en meilleure de ma santé! Mais je suis toujours là, sur mes jambes, à respirer et le coeur à battre! '' Je la serre un peu plus fort contre moi en souriant doucement pour ensuite la relâcher. '' - Ça te dit que je t'offre un bon repas pour te changer les idées de cette réunion? Où tu veux! '' Ça me changera également les idées. Surtout en si bonne compagnie.

Tu aurais voulu courir, partir, oublier, oublier tout ... Partir loin de cet hopital de cette famille essayant de t'aider juste pour ne pas avoir de problèmes avec leur conscience. Tu le voyais dans leur regard, qu'ils auraient préféré prendre une autre petite fille, qu'ils auraient du suivre leur projet de prendre un bébé au lieu d'une gosse comme toi, pleine de souvenirs, au coeur de pierre à force de jeter des cailloux dessus, tu étais dure, tu n'avais confiance en rien, ils n'avaient pas réussi à enlever ça, cette peur que tu as eu depuis toute petite, origine inconnue, origine enfouie, traumatisme profond. Tu aurais mieux fait de te terrer dans un trou, pour le bien de tout le monde. Tes parents auraient été heureux, ils auraient pu continuer leur petite vie avec leurs deux enfants parfait, au moins deux des trois, ça les consolaient. Tu n'aurais pas fait naitre une honte à ton frère, à ta soeur d'être liés à toi, de t'aimer malgré tout ... Tu ne le méritait pas, tu ne méritais rien du tout, d'ailleurs, même pas un frisson d'espoir.

Elle était là, dehors, tu voyais qu'elle était mal, ton amie, la seule que tu avais ... La voir comme ça te brisait le coeur, tu ne pouvais pas la perdre, elle aussi ... Tu te souvenais d'avant, vous étiez amies, tu aurais aimé te rapprocher d'elle dans d'autres circonstances, elle était devenue ta bequille, tu étais devenue la sienne, elle t'était indispensable, tu arrivais à rire avec elle, tu te sentais comme avant, avant ou tes parents étaient fiers de toi, te soutenait, ou tu attendais impatiemment les messages de Lucas ou il te disait qu'il t'aimait de tout son coeur, tout ça c'était du passé maintenant. "Merci ! Je comprends pas vraiment le but, on parle, on parle, mais bon la bonne femme, je te jure tu devrais la voir, elle fait sembler d'écouter ça se voit, elle nous dit d'être fort, elle nous fait ces trucs là ou on doit dire ce qu'on a fait de bien, on s'applaudit parce que on a réussi à tenir une heure de plus mais je sais pas ... Je me sens plus dans une sorte de ... pièce de théatre que dans un groupe de soutien. Je ne vois aucun changement et ça m'énerve" Aucune patience, résultat devant arriver tout de suite comme pour un régime ou tu espères avoir un ventre incroyablement plat après avoir manger que de la soupe pendant une journée. Tu ne te sentais pas capable de continuer, tu n'avais pas envie d'être traitée de lâche non plus. "Bats toi, je suis sûre que ce traitement va fonctionner, ce n'est qu'un mauvais moment à passer, si seulement la chimio ne pouvait pas te rendre aussi malade" Tu n'arrivais pas à croire qu'elle se battait pour sauver sa vie alors que toi tu la gachait exprès, pathétique. "J'aimerais être aussi battante que toi" Elle te proposait à manger, manger c'était exactement une chose que tu savais bien faire "HAMBURGER HAMBURGER" Tu rigolais en tapant des pieds, une vraie gamine.