and she will be loved (zox)

since here : 13/08/2017

how would you feel,
if i told you i loved you, it's just something i want to do
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Allongé sur le lit, les mains croisées derrière la nuque, le regard perdu sur le plafond blanc. Un soupir traversait ses lèvres. Son regard tombait sur la gauche et atterissait sur son réveil qui affichait une heure très avancée. Impossible de fermer l'oeil. Et pas parce que son colocataire a invité des amis ou que sa voisine fout le bordel de l'autre côté, mais parce que ses pensées s'emmêlent lui filant une migraine horrible. Le calme, sa sobriété, ce n'était pas bon. Ca lui laissait le temps de réfléchir, à ce qu'il faisait, ce qu'il ne faisait pas, à sa fille, son divorce, à elle. Cette femme à qui il parle depuis des mois sans savoir qui elle est. Même pas un visage, même pas un prénom, juste des messages et des mails échangés. Il grattait sa barbe du bout des doigts en secouant la tête. Ridicule, voilà ce qu'il était. Il ne la connaissait même pas et pourtant à chaque fois que son téléphone vibrait, il sautait dessus en priant pour que ce soit elle. Comme un adolescent perdant la tête pour un premier amour, le genre d'amour qui vous rend con. Il déteste ça, être comme ça, mais il a aussi l'impression de respirer à nouveau, d'espérer à nouveau. Et si elle était celle qui lui permettait de repartir à zéro, de se racheter, de se sauver de son existence misérable ? Cette oasis, il s'y accrochait, il voulait y croire. Un grognement. Puis il se levait, enfilait un tee-shirt et s'asseyait à son bureau. La lumière de son ordinateur lui brûlait les yeux, lui arrachant un grimace. Machinalement, il cliquait deux, trois fois et atterissait sur le site de rencontre. Avant que ses amis complètement bourrés ne l'inscrivent sur ce site, il trouvait ce genre de choses stupides et il aimait crier que c'était pour les gens désespérés, incapables de faire de vraies rencontres. C'était peut-être ce qu'il était au fond, désespéré. Il ne pouvait empêcher ses lèvres de former un sourire lorsqu'il voyait son pseudo dans la liste des membres connectés. Il cliquait dessus et s'arrêtait. Se laissant tomber contre le dossier de sa chaise, il hésitait. Puis il faisait craquer ses doigts et commençait à taper.

leprechaun07 a écrit:: Salut. Ca fait un moment... J'arrive pas à fermer l'oeil et je vois que toi non plus. Pour ma part, ce n'est pas la faute des voisins, pour une fois. Je sais, je réfléchis trop, mais c'est plus fort que moi. Tu sais ce que c'est. Comment vas-tu ?

Son cœur battait la chamade et il appuyait finalement sur le bouton envoyer. Les mains moites, un sourire idiot collait aux lèvres, il croisait les bras sur son torse, impatient. Dire que ses amis l'avaient cru quand il leur a dit qu'il avait supprimé son compte. Il avait voulu le faire, mais il y avait cette invitation en attente, la curiosité avait été trop forte et après plusieurs messages échangés, il avait complètement oublié l'idée. Leurs discussions étaient libératrices, il était honnête, authentique, il ne jouait pas de rôle et il pouvait tout dire, tout dévoiler. Ses craintes, ses peurs, ses échecs même, la perte de son boulot, son divorce, son addiction, sa fille. Elle savait tout de lui. De son côté, il aimait aussi en savoir plus pour elle, chaque détail et secret qu'elle lui confiait l'a rapproché d'elle. C'était un drôle de sentiment, l'impression d'être dans une bulle, à part. Il se sentait spécial, privilégié. Il riait doucement. Elle était en train d'écrire.

Invité

and she will be loved
Je rentrerais tard. Assise en tailleur sur le canapé du salon, Zola observe sans le voir l’écran de l’ordinateur qui laisse défiler les images d’un films qu’elle a déjà vu trop de fois. Elle connaît les visages, elle connaît les répliques, et pourtant, elle ne fait pas attention à l’homme sous la pluie. Il rentrera tard, comme tant d’autres soir. Il rentrera tard et se faufilera dans les draps au petit matin en pensant sûrement Zola endormit. Mais Zola ne dort pas. Ses pas sur le plancher la réveille, son souffle dans son dos fait se tendre chacun des pores de sa peau. Dans le salon, les dialogues se répètent, et Zola fait glisser son téléphone portable un peu plus loin sur le canapé. Il est tard et pourtant il n’est toujours pas rentré, alors du bout des doigts, elle attrape l’ordinateur qu’elle vient poser sur ses genoux. Il pleut dehors et pourtant la fenêtre reste grande ouverte. Zola n’a pas froid. Guidés par l’habitude, ses doigts vont et viennent sur le clavier, cherchent le bon lien, s’identifie. En haut de l’écran clignote les messages reçus en son absence. Elle en reçoit parfois, l’interrogeant souvent sur son tour de poitrine. Alors Zola ne lit plus, elle ne vient pas pour ça. Dans sa poitrine à Zola, c’est son coeur qui bat plus vite, et ses lèvres qui s’étirent quand elle voit apparaître son pseudo en instantané. Il est là, perdu au beau milieu de la nuit, pour faire danser cette multitude de papillons dans le bas de son ventre. L’inconnu dont elle ignore le nom et le visage. Cette chimère absurde à laquelle elle s’attache pourtant trop vite. Parce qu’il fait battre le coeur plus vite, qu’il la fait rire sans être là. Parce qu’il a cette jolie manière de lui écrire, et cette lueur au fond des yeux qu’elle n’a pas besoin de voir pour savoir exister. Il existe quelque part, à plusieurs galaxies de la sienne. Il est l’infini alors qu’elle n’a parfois l’impression de n’être qu’une étoile. Une étoile qui ne dit pas tout. Adolescente amoureuse. Alors elle sourit comme une enfant quand son regard parcourt ses mots. Elle aime quand il écrit, parce qu’il lui donne l’impression d’être là, pas vraiment loin. Ca lui noue parfois le ventre à Zola, de réaliser que finalement, il n’est qu’un souffle, une image, une promesse. Il est le visage qu’elle lui donne, les intonations qu’elle choisit. Elle est pour lui ce qu’elle n’est peut-être pas vraiment. Elle voudrait parfois le voir, découvrir son visage et le son de sa voix. Mais l’instant d’après, l’idée de se retrouver face à celui qui la déstabilise sans même exister la terrifie. Alors Zola s’installe contre le dossier du canapé. Il fait noir dans l’appartement, et ce soir contrairement à tant d’autres soirs, le voisin ne fait pas de bruit. C’est le tour de Zola, c’est elle qui écrit. Efface, recommence. Difficile de parler à quelque un qui n’est pas vraiment là. C’est en tout cas ce dont elle se persuade à chaque lettre qu’elle efface puis réécris.

pot-pourri a écrit: a écrit:: Bonsoir. Effectivement, je ne dors pas. Je travaille sur un gros dossier que je dois rentre demain, et je pense y passer encore une partie de ma nuit. Mais je vais bien, je suis seulement un peu trop occupée. Je suis heureuse de voir que tu es là toi aussi ce soir. Alors dis moi leprechaun, quel genre de pensées t’empêches de dormir ? Ton ex-femme t’a déposé ta fille ce matin et la journée a été compliquée ?

Un instant, le regard de Zola reste posé sur l’écran qui brille sous ses yeux, pas certaine de vouloir appuyer pour envoyer le message. Sur le canapé à côté d’elle, elle dépose l’ordinateur portable et se lève pour traverser le salon et rejoindre la cuisine. A nouveau une lumière vive vint rencontrer ses yeux. Celle du frigo. Dans un verre à pied, elle fait glisser la fin d’une bouteille de vin blanc. Zola boit parfois toute seule, pour se donner l’impression de ne pas l’être. Alors a nouveau elle traverse le salon pour venir prendre à nouveau l’ordinateur sur ses genoux. Du bout des doigts, elle appuie sur envoyer alors que ses lèvres vient goûter le liquide froid.
Elle écrit à nouveau. Elle devrait attendre sa réponse mais ne le fait pas. Ce soir est un drôle de soir.

pot-pourri a écrit: a écrit:: Je suis contente que tu sois là.

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Knox apparaissait souvent comme un salaud aux yeux des autres. Un être ne se préoccupant que de lui-même, ne songeant pas une seule seconde aux autres. Il riait à chaque occasion, tournant chaque situation en dérision. L'humour était sa défense, sa carapace lui permettant de se confronter aux autres sans avoir à se dévoiler, sans prendre le risque de souffrir. Les relations l'effrayaient, Knox. Dans celles-ci, il y a plus à perdre qu'à gagner selon lui. Il le savait mieux que quiconque. Un homme sans réelle famille est un homme qu'il faut éviter. Son divorce en était la preuve. Lorsqu'il n'y a plus de jeu, lorsqu'il se sent dépasser par ses sentiments, il préfère tout gâcher, tout détruire. Il avait regarder son couple s'effondrait par sa faute, sans rien faire, parce qu'au fond c'était ce qu'il voulait. La peur des sentiments, l'ennui, l'envie de liberté, il s'en était trouvé des excuses. Toutes ses relations ont ce côté nocif, qui ne devrait pas exister. Sauf qu'avec elle, c'était différent. Rien n'empoisonnait leur relation, pas même son arrogance, pas même son humeur douteux. Juste des mails échangés, des secrets confiés, des peurs partagées. Il se demandait encore pourquoi il en était venu à se confier à une inconnue sur un site internet pour puceaux. Mais il l'avait fait, se libérant d'un poids qu'il portait sur ses épaules depuis des années. Une oreille attentive, c'était tout ce dont il avait besoin. Quelqu'un qui le comprenne ou du moins qui essaye, sans en profiter pour exploiter ses faiblesses. Il passait une main lasse dans ses cheveux avant d'attraper la bouteille d'eau posée au coin de son bureau. Une montée de tension, des battements plus rapides, à chaque fois qu'il attendait sa réponse. Son pseudonyme lui arrachait un sourire à chaque fois sans qu'il ne puisse s'en empêcher. Il lisait avec attention sa réponse. C'était un sentiment étrange que de se sentir si proche et si loin de quelqu'un, les deux à la fois. Il avait l'impression de la connaître depuis toujours, alors que son prénom même lui était inconnu. En réalité, il ne lui avait jamais demandé, il n'en avait jamais ressenti le besoin. Pot-pourri lui convenait pour le moment. Rire léger.

leprechaun07 a écrit:: Laisse donc ton boulot de côté, tu vas finir par te tuer à la tâche. Détache tes cheveux, mets du bon rock à fond, bois une bonne bouteille de vin. Y a que ça de vrai.

Il l'a trouvé bien trop sérieuse, mais ça le rassurait également. Elle semblait le contenir, le canaliser. Un sentiment de sérénité l'envahissait quand il lui parlait, elle qui semblait si différente de lui. Une opposée qui ne réfléchissait pas et n'agissait pas comme lui mais qui pourtant semblait comprendre chaque complexité de son esprit. Il souriait à la vue de sa réponse avant de regretter de l'avoir envoyé. Trop tard. Elle le connaissait, trop impulsif. Elle était heureuse de le voir connecté ce soir. Peu de gens disent qu'ils sont contents de le voir, Knox.

leprechaun07 a écrit:: Oh, toutes sortes de pensées m'empêchent de dormir.

Toi la première, avait-il hésité à ajouter.

leprechaun07 a écrit:: Non, malheureusement, je n'ai pas vu ma fille depuis un moment maintenant. Mon ex-femme ne semble pas avoir besoin d'une baby-sitter pour l'instant. J'ai du vraiment faire quelque chose d'horrible pour mériter ça.

Il s'arrêtait de taper quelques secondes, cherchant ses mots.

leprechaun07 a écrit:: J'ai l'impression d'avoir raté tellement de choses dans ma vie. Quand on est plus jeune, on se fixe des objectifs qu'on est sûrs d'atteindre, et au final, on se retrouve seul avec nos échecs, nos regrets, tu sais ?

Il parlait principalement de son divorce et du fait qu'à trente-cinq ans, il avait l'impression de n'avoir rien accompli. Un mariage foirée, un métier parti en fumée à cause d'une addiction aux jeux, une fille qui ne se souviendra sûrement pas de son père dans quelques années tellement elle ne le voit jamais, même pas les moyens de se payer un appartement, des soirées passées à faire la fête comme un adolescent perturbé par ses hormones. Tout ça rimait avec raté à ses oreilles. Il faisait souvent comme si la situation lui convenait parfaitement alors qu'au fond ça le ronge.

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