mia, nicky
on television, kings and queens
live the lives of people's dreams
you and I are human beings
living, breathing beings
@we could run, beth ditto / faust,

second café de la journée qui vient brûler sa trachée, la clope tenue entre deux doigts, à fixer l'horizon à travers la fenêtre. rien de bien passionnant pourtant, quelques nuages capricieux qui demandent un peu de pitié, un clébard qui arrête pas d'aboyer, une vieille qui peine à bien conduire - menaçant de se prendre l'immeuble juste à côté. nicky qu'a pas vraiment le sourire, nicky qui attend en jetant une oeillade discrète vers l'horloge qui dérange par son tic-toc. elle est à la bourre, elle est à la bourre parce qu'on changera pas une smith qui gagne - à quoi bon. elle est à a bourre, elle sait se faire désirer comme une véritable diva qu'aurait tout un show à faire marcher - chauffer la scène avant d'apparaître, se contenter des cris avant de mourir sous une pluie de compliments. l'image l'amuse, assez pour qu'un rire lui échappe. il remet ses lunettes sur sa tête, s'étire mollement avant de poser sa tasse fumante - dégageant l'odeur qui caractérise si bien cet appartement minuscule, ridicule, une pièce suffisante pour une seule âme à peu près vivante. pincement de lèvre inférieure, il fouille à la recherche de son matériel, cette fois pas de feuille, mais plutôt une toile bien que petite. cette fois de la gouache plutôt que de la mine de plomb - une énième tentative de trouver une voie, sans pour autant la choisir définitivement. pinceaux qu'il pourrait compter, qu'il aligne sur la table basse en prenant soin de réfléchir à ceux qu'il pourrait dégainer. ça toque, ça sonne,
enfin arrivée.
bras croisés pour se donner un air sévère, la porte qui s'ouvre sur l'attendue, la désirée, la bornée qui se donne même pas la peine de forcément bien s'excuser - mais ça lui va, à mia, cette façon qu'elle a de tout zapper, tout juste si elle partirait pas en culotte de chez elle si elle le voulait. sourcils haussés, mine déconfite pour surjouer, il laisse la sylphide passer avant de siffler.
- j'devrais t'appeler désirée. claquement du bois qui se referme sur ce qui pourrait devenir un palais aux merveilles - les siennes plus que celles de nicky. à tout tirer d'elle, jusqu'à son énergie pour en dévoiler le meilleur sur n'importe quel support. il en rajoute pas plus, pas besoin qu'elle fasse comme chez elle - elle connaît le crédo. alors nicky il s'étire, fait craquer sa nuque avant de reprendre le chemin vers la pitoyable cuisine, la tasse contre sa bouche qui se pose, soupir de satisfaction après coup - il ressemble pas à un artiste nicky, plus à un mec fauché qui met ce qu'il a trouvé de trop grand au rabais.
- j'chamboule pas ton emploi du temps d'ministre j'espère ?

(juste une dernière.)
elle pense en louchant sur le disque qui tourne d'un mouvement régulier sur son plateau, elle bouquine quelque chose en même temps que les notes résonnent, un roman qu'elle aime bien - drive - elle l'a déjà lu cinq fois peut-être,  mais son amour pour le chauffeur ne désemplit pas. elle glisse entre les lignes, elle nage dans les mots et se nourrit des passages qu'elle a oublié ou qui la marque à chaque fois, la façon dont se termine le roman sur la mort de monsieur rose, espoir et déséspoir. elle pense. cet homme ça peut être celui de sa vie, elle l'admire et il  lui donne envie de partir plus tôt pour rouler un peu plus longtemps, elle coule sur son regard sur sa montre. encore une chanson, juste trois minutes ça devrait aller, elle grillera le feu rouge du rond point à 500m de la boutique, accrochera sur la pédale et fera rugir le moteur de l'impala de collection gâchée pour la vie citadine. mais léonard n'a pas fini de chanter et la mélodie est trop bonne pour l'arrêter maintenant, aussi, deux musiques passent sans quelle ne bouge, juste à l'aise le plafond la séduire et des formes se former sur les tâches d'humidité.
le livre a trouvé sa place sur le comptoir, elle est affalée dans sa vielle chaise à roulettes. on lui a dit  un jour dit qu'on doit attendre le client debout mais aujourd'hui elle a les jambes en compote et personne ne viendra, pas maintenant, elle a prit soin de fermer boutique en prévision de sa virée dans le monde réel où les pixels ne sont pas aussi accueillant. (et merde.)  elle attrape son bomber rose flashy et laisse derrière le disque agoniser ses dernières notes, nevermind meurt quand la sonnette annonce son départ de son repaire. elle est déjà en retard.
dehors le ciel continue de la narguer et de pointer sur elle un regard courroucé.
(sort un peu. prend l'air.) elle rêve parfois d'avoirs des amis pour lui confirmer ce genre de banalité, mais personne ne se soucie de savoir si elle prend sa dose de soleil.
c'est naturel chez elle d'avoir l'air d'un cadavre, à cause de la cicatrice, des bleus et simplement de cho. mais cho est morte, enterrée le jour où sa nouvelle carte d'identité s'est retrouvée entre ses doigts tremblants d’appréhension. mia.
mia wallace. mia smith.
mia roule doucement jusqu'au rond point et grille le même feu rouge, à chaque fois,
aucun flic ne s'y cache pour l'arrêter, à croire qu'il n'y a pas de flic dans les rues,
nulle part, et pourtant si un flic l'avait trouvé plus tôt quelques années plus tard elle en serait pas là, elle aurait peut-être eu une chance de s'en sortir sans la réputation de junkie qui lui colle au basques. à la place du cigarette il y a un cure-dent entre ses lèvres, elle roule comme un homme qu'ils disent. mais mia, c'est ni un homme ni vraiment une femme, elle est mia, elle n'existe pas. elle est présente, souriante avec son grand sourire et son rire cristallin, mais elle n'apparaît sur un aucun site, son profil facebook ne correspond pas. un fantôme.
nicky elle a l'impression de le connaître par coeur, elle sait des choses sur lui, elle sait qu'il publie ses dessins sur internet, c'est la trace qu'on peut trouver d'elle. elle sait qu'avant il était comme elle et qu'il à l'air de s'en être sorti.
peut-être peut-être pas. quelle importance. il est là maintenant.
derrière la porte qui s'ouvre sans forcer (dommage.) elle sait crocheter les serrures.
elle bourrait brandir son flingue droit sur lui et lui reprocher son absence, comme dans une série z voir sa tête exploser (qu'il crève).
elle soupire, hausse un sourcil par réflexe comme elle fait toujours. c'est toi qui attend. elle claque entre ses dents, un son difforme et peu mélodieux. elle reste au milieu de la pièce plantée droite, son sac en bandoulière qui pend derrière ses genoux découvert. encore une fois c'est le short militaire et les converses. on lui trouve toujours un certain style.
métro boulot dodo. le sac se retrouve balancé dans la pièce avec le bomber et elle découvre ses épaules nues.
mia vit dans une époque où moins il y a de tissu, plus c'est cher et convoité. comme les bijoux dans la boutique familiale de nicky qu'elle admire sans se résigner à la braquer. elle ne veut pas lui faire de la peine.
t'innoves à ce que je vois - elle désigne d'un hochement de tête le matos qui change de la dernière fois - j'm'installe comment petits pervers ?
la nudité ne la dérange plus à force, rien qui l'ébranle. c'est naturel, mécanique et elle sait que c'est pour ça qu'elle est ça. (tout ça n'a rien avoir avec la nudité).
comme de source sure elle peut affirmer que ça n'a rien de pervers.
au contraire. elle se sent plus pure quand il dessine, qu'il peint, qu'il regarde avec un autre regard.
qu'il voit m.i.a.