Tu attendais toujours la fin de l'été avec une impatience monstre, tu étais une grande fan de l'ancienne époque, tu avais souvent imaginé ce que serait ta vie si tu habitais en ce temps là. Tu imaginais surtout les belles robes quand tu étais petite, cette journée était une occasion de se déguiser, de jouer un rôle pendant une journée entière, d'être une princesse dans tes belles robes bombées et tes voilettes. Aujourd'hui, tu avais touché le gros lot, tu avais réussi à te dégoter une tenue sexy, pour une fois que tu pourrais dévoiler un peu plus en utilisant comme excuse que ce n'est qu'un simple déguisement, coquine Ellen.

Tu avais laissé ton téléphone à la maison pour la journée, bon moyen pour te déconnecter, bon moyen pour ne pas regarder sans cesse si tu as un message, sachant très bien que tu n'en aurais pas un, faut que tu oublies Ellen, faut que tu tournes la page, y a rien de mieux. Respire, amuse toi, ce jour n'arrive qu'une fois dans l'année. Tu avais du mal à marcher, talons perchés, décolleté échancré, robe blanche emplie de paillettes. Chapeau noir, énorme pour ta tête fine, te faisant de l'ombre. Une vraie pro du Charleston. Si seulement la mode était encore ce qu'elle était à l'époque ... Tu aimais cette féminité se dégageant de ces habits, habits beaucoup trop beau pour toi.

Tu te dirigeais vers le kiosque à musique, endroit éternel ou le maire faisait son discours, peut être qu'il le changerait de l'année dernière, il ne le faisait pas tout le temps, lassant, parfois. Il y avait déjà pas mal de monde, tu les connaissais tous, certains étaient hilarants dans leur costume, pas tous avoir de la chance.

En général, il sort pas ce jour là Nicholas. Il reste bien tranquillement chez lui, avec son portable et les emmerde tous profondément. Le plus souvent, Melvin se joint à lui dans cette épopée. Mais cette année, elle lui a envoyé un sms, cette fille à la fois insupportable et magnifique. Celle qu'il rêve de foutre à la poubelle mais qui lui revient toujours en pleine gueule comme une bonne claque. Il s'est même sapé pour l'occasion bordel de merde. Il a fait pas fait un effort de foufou mais il a revêtu un costume, un truc piqué dans l'armoire de son colocataire parce que soyons réalistes, il a pas ça dans ses fringues lui. Connerie immense. Il sort. Il arpente les rues en se foutant intérieurement de tous ces gens qui jouent le jeu avec tant d’enthousiasme. Je pourrai pas désolé. QUOI ? CONNASSE ! Putain, elle le plante après tous les efforts qu'il a fourni. Il est en rogne. La rage le consume un peu plus à chaque seconde. Il n'a qu'une envie, se pointer chez elle et l'insulter de tous les noms. Ouais. C'est d'ailleurs ce qu'il va faire, quitte à passer pour un con.  Sa route croise celle d'Ellen, cette fille qu'il connait de vue et qu'il a toujours trouvé sacrément bonne. Et si jusque là, il n'a jamais fait le moindre pas vers elle, sa colère lui donne envie de baiser. Puis, il parait que c'est une proie facile cette fille, il devrait pas avoir trop de difficultés à parvenir à ses fins. Un peu de baratin et hop, le tour sera joué. Peut être même qu'il la prendra en photo en train de le sucer pour l'envoyer à l'autre conne. Genre : je m'éclate très bien sans toi morue. Alors il avance vers elle, doucement, comme un félin qui guette sa proie. Puis par derrière, il vient murmurer à son oreille. belle journée n'est ce pas ? mais quel baratineur. Il se décale sur sa droite à elle et vient planté son regard bleuté dans ses iris. un peu comme vous. si elle gobe ce compliment, le tour est joué. Il l'espère presque dans un sens, il a aucune envie de faire de cette séance de drague un défi. Ne pas passer par la case départ et direction les chiottes du café d'en face pour une petite gâterie...

Tu écoutais, saoulée, décidément il ressortait les mêmes phrases que l'année dernière comme si il n'avait pas le temps, le temps de faire des efforts, d'écrire quelque chose d'un peu différent. Tu te faisais chier, tu avais l'impression de revoir un vieux remake mal foutu, tout était comme avant, comme si rien avait changé ... Tout avait changé. Tu ne voterais pas pour lui la prochaine fois ça c'est clair. Même toi, tu aurais pu pondre un discours, tu souffla, heureusement que tu étais du genre vieux jeu, voulant absolument participer à toutes les activités de la journée. Ça te tenait à cœur, tu avais toujours passé une bonne journée, avec Sam la plupart du temps, Sam que tu as rayé, qu'il aille se faire foutre que tu disais ... tu l'emmerdes Sam. Plus besoin de lui. Bras croisés, un peu froid, tu aurais peut être du mettre une veste, mais non tu voulais être belle, c'était plus fort que toi ... belle journée n'est ce pas ? Voix te sortant de ta torpeur, voix que tu avais déjà entendu dans les coins de rue ... Ce jeune un peu rebelle, tu ne lui avais jamais parlé, n'ayant jamais vraiment fait attention, les sales gosses se prenant pour des grands ce n'était pas trop ton truc. Tu le regardais, poliment, qu'est ce qu'il te voulait celui là ? Son plan cul lui avait fait faux bond et il se retrouvait seul ? Sûrement quelque chose comme ça, ils étaient tous comme ça. Il vient se placer à coté de toi, décidément, il voulait peut être te faire la conversation, ce serait sûrement mieux que ce baratin du maire ... un peu comme vous Encore une disquette, il devait exister un bouquin les listant toutes ce n'était pas possible ... Qu'est ce que tu me veux gamin ? Tu te retrouves tout seul alors tu essaies de t'amuser avec moi ? Désolé mais retourne t'amusez avec les gamines de ton âge, une femme c'est hors de ta portée désolé Tu lui fais un clin d’œil, rien de bien méchant, juste le remettre à sa place, des râteaux il allait s'en prendre dans la vie fallait bien qu'il s'en rende compte le p'tit.

Journée de merde. Elle est sans doute en train de se faire fourrer par un autre la morue. Ca le pourri rien que d'y penser. Pas qu'il soit jaloux ou accroc, c'est juste qu'il a du mal à saisir pourquoi elle en choisit un autre plutôt que lui. Non parce que soyons honnêtes si elle tombait inerte devant lui, il s'en battrait les couilles. Bref. Il est déjà repartie chassé une proie de taille. Elle est vraiment jolie cette fille. Il s'avère qu'elle n'est aussi réceptive qu'espéré. Elle le fait bien marré d'ailleurs. Il la regarde de haut en bas sans sourciller, sans gêne aucune. Certes, elle est bonne, mais faut qu'elle se calme un peu sur la confiance. wow. Tu te prend pour Jessica Alba ou quoi ? Il rit. Narquois. Tu t'crois belle. T'emballes pas va. Ca sent le roussi. Il n'arrivera pas à ses fins. Pas avec un départ aussi houleux. Il se grille une cigarette et souffle la fumée devant lui avant de reprendre : La rumeur dit que t'es une salope, alors je voulais vérifier mes sources. Pas si facile que ça apparemment. Lui, dans tous ça, c'est surement le mec qui s'est pris le plus de baignes de la ville. Toujours mérités. Il continue de tirer sur sa cigarette, le sourire au lèvres. Cette petite entrevue lui fait du bien. Il avait besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un. Il aurait largement préféré qu'elle se donne à lui mais à défaut de ça, il peut bien jouer avec ces nerfs. La pousser à bout. Un domaine où il exerce. Puis si certains regards se tournent vers lui. Il s'en fiche pas mal Nicholas. Il aime ça, être le centre de l'attention. Il fait et dit tout ce qu'il pense, quitte à s'attirer les foudres du bons dieu. De toutes façons, s'il existe celui là, il l'a jamais aimé. Autant lui chier sur la gueule. Vous l'aurez compris, Nicholas n'est pas croyant. Il ne croit en rien du tout. C'est probablement pour ça qu'il ne respecte rien ni personne. Pas même ses propres amis. La preuve, il s'est tapé la copine de son meilleur pote. Pas étonnant qu'on lui plante des couteaux dans le dos.

Tu le regardais de haut, tu aurais préféré absolument tout sauf te faire draguer par un gosse se prenant pour ce qu'il n'était pas ... Tu avais l'habitude de passer cette journée avec Sam, Sam que tu ne voyais plus vraiment maintenant ... Tu te rends compte à quel point tu as passé du temps avec lui ... Que pouvais tu faire maintenant, tu n'avais pas l'habitude de tout faire sans lui ... Tu te sentais vide, incroyablement vide et ça te tuait ... Tu n'étais vraiment pas d'humeur à te faire draguer par Nicholas, tu n'étais pas d'humeur à faire quoi que ce soit, tu étais là car c'était une tradition et que tu n'aurais pas aimé vivre ce jour spécial chez toi à râler ... wow. Tu te prend pour Jessica Alba ou quoi ? Et c'était parti pour de l'attaque, preuve que les hommes se mettent toujours à faire de l'attaque quand ils n'ont pas ce qu'ils veulent, pathétique vraiment ... Tu t'crois belle. T'emballes pas va. Quel plaisir de voir ce petit gars en rogne, fierté remballée très vite, c'est sûr que c'est pas très sympa les râteaux ... Tu sais, ce n'est pas la peine d'être mesquin avec moi, des râteaux tu t'en prendra plein et ce n'est pas en réagissant de cette manière que tu vas pouvoir te taper des filles crois moi ... Et puis je te signale que tu m'as dis il y a quelques minutes que tu me trouvais belle, serais tu bipolaire Bloomberg ? Ça se soigne tu sais, si tu veux je te passe le numéro d'une amie à moi, elle est psychiatre, au moins ça te fera un numéro de dégoter Clin d'oeil, tu ne pouvais t'empêcher de rire, au moins ça te faisait passer le temps, il n'était pas si méchant que ça, tu en étais sûre ... La rumeur dit que t'es une salope, alors je voulais vérifier mes sources. Pas si facile que ça apparemment Salope ... C'était peut être ce que tu étais finalement ... Une salope. C'était peut être pour ça qu'il s'était éloigné de toi, qui aimerait être ami avec une fille facile ... "Non en effet je ne suis pas aussi fille facile que ça, au moins ça parle de moi, c'est que je dois être intéressante même si j'aurais aimé avoir meilleure réputation" Au fond, ouais ça faisait mal ...

Il est en colère. Il est tout le temps en colère en même temps Nicholas. Contre le monde. Sa rage gronde à l'intérieur et ça sort sous des aspects qui ne devraient pas. Il y peut rien. Il est comme ça. Foutrement entier et réaliste face à la cruauté des autres. Il se protège dans le fond avec ce comportement d'adolescent teigneux. Et alors qu'elle le met face à ses propres propos, il garde le sourire, vous savez, ce sourire un peu narquois, ces yeux brillent d'une lueur mesquine pour accompagné cet air de joker. Alors quoi ? Tu les as tous cru ? Il ricane, presque nerveusement. Déstabilisant. J'en ai dit des pires des mensonges pour foutre une fille dans mon pieux. Des fois ça marche, des fois non. Franchement, il s'en fiche pas mal dans le fond qu'elle accepte ou non de céder à ses avances, une autre le fera sans doutes. Puis si c'est pas le cas, ce ne serait pas la première fois qu'il repartirait la bite sous le bras. En vérité, il la trouve vraiment jolie Ellen mais après son petit show, il ne peut plus l'admettre. Si je me laisse psychanalyser, elle coucherait avec moi ? Non parce qu'il faudrait un intérêt à tout ça. Il a essayer une fois, d'aller voir un psy, mettre des mots sur sa colère grandissante, sur ce qu'il peut ressentir envers sa famille, ça n'a rien donné de bon. Ça n'a fait qu'accroitre son sentiment d'injustice. Quand on entend parler des autres, c'est jamais en bons termes va. T'es pas la seule à faire la joie de tous les foutus charognard qui peuplent cette ville. Tous ces connards n'attendent qu'un truc à se foutre sous la dent. Faut les comprendre, on s'fait tellement chier ici. finit il par admettre. Il jette sa cigarette au loin, sans prendre le temps de l'éteindre. Et tant pis s'il crée un feu de broussaille. Un attire le regard foudroyant d'une petite vieille et lui lance vivement : Qu'est ce qu'il y a mamie ? Va bouffer ton dentier. Il se tourne après vers Ellen et ajoute : Sinon t'as tes règles ou t'as passé une mauvaise journée pour être si désagréable ? Ce sourire qui ne quitte plus ses lèvres, parce que même s'il ne la saute pas, elle est distrayante la rouquine.

Tu avais froid, finalement tu aurais peut être du mettre une veste ... Tu avais froid, la chair de poule, toujours vouloir être jolie, qu'est ce que tu étais conne Ellen ... Tu te retrouvais là, les dents qui claquent, désagréable, en mauvaise compagnie ... Enfin, ça te faisait quelqu'un avec qui parler même si cette personne n'était pas des plus agréable ... Tu le regarde, au moins ça t'occupe, ça t'évite de trop penser, de penser à ce mec qui t'a foutu la vie en l'air, à ce mec que t'a aimé toute ta vie pour finalement te laisser tomber comme une merde sans que tu ne saches vraiment pourquoi ... Les mecs c'est de la merde point. Et tu te sens fier d'avoir manipuler toutes ces filles juste pour leur écarter les cuisses ? A ta place je ne m'en vanterais pas crois moi Tu réponds à son sourire, au fond, il est un peu comme toi tu te dis, à essayer de masquer son mal être dans la baise, essayant de chercher un minimum de plaisir là ou on peut en avoir ... Ouais non arrête d'essayer de lui trouver des excuses Ellen, il n'a rien à voir avec toi ce mec ... Le discours du maire n'est plus qu'un brouhaha, de toute façon tu ne l'écoutais pas plus que ça ... "Qui sait, on sait jamais qu'elle accepterait de te la faire gratuite si tu lui fais quelques petits services, ça peut être une coquine" Tu rigoles, il te fait rire le gamin quand même, c'est un con, t'es une conne, comme quoi ... "Tu n'as pas tord mais souvent on ne parle pas dans la rue des plus salopes, les gens aiment surtout faire des ragots quand ils savent que de base l'histoire n'est pas vraiment vrai, c'est tellement plus jouissif .. Ils n'ont que ça pour un peu enjoliver leur petite vie minable .." C'était tellement vrai, les gens aiment détruire, ils aiment voir l'étincelle se briser dans les yeux de gens innocents, à quoi bon s'attaquer aux personnes qui assumeront totalement leur réputation, rien de bien croustillant à se mettre sous la dent ... Le voir jeter son vieux mégot loin devant te donne envie de t'en griller une, tu lui en tends une, générosité accrue ... "Ouais ... C'est pas la meilleure journée de ma vie ... J'étais sensée la passer avec quelqu'un qui finalement ne me parle plus pour je ne sais quelle raison,
les hommes c'est des connards ... Faut bien que je m'y fasse ... Tu tires une latte, au moins ça ça te détendait ... un peu.