Putride, odeur en bouche te rappelant de te lever, d'arrêter, arrêter de te laisser mourir, morose. Te levant, montagne russe dans ta tête, réflexe abdominal, direction salle de bain, ou tu te rends compte de l'état dans lequel tu es, une véritable merde. Tu savais que ça finirait comme ça, on t'avait prévenu, toi Marge, tu avais pensé dans un petit coin de ta tête que ça n'arriverait pas. Tu serais une femme forte, tu ne sentirais rien passer. Aucun manque, rien du tout. Mon cul Marge. Te voilà comme une gamine pleurant, pleurant sur ton sort, sur cette culpabilité te rongeant les os, sur ton envie d'une dose alors que tu te déchires l'âme. Minable, vraiment minable.
Tu voudrais appeler à l'aide, tu voudrais parler, à qui ?
Tes parents te regarderaient lamentablement, faisant semblant de comprendre, faisant semblant d'être des parents aimant, modèle qui seront toujours là pour toi, espérant chaque jour passant que tu te trouves un appartement pour ne plus voir ce déchet que tu es devenu au quotidien, déchet leur déchirant le cœur. Ton frère, ta sœur espérant secrètement retourner dans le temps, empêcher tes parents de te prendre toi, en Israël, au moins te foutre une baffe quand tu es parti, au moins ça. Tu n'es plus rien, plus qu'une boule lourde et métallique sans émotion aucune, sans conscience, plus qu'un robot se nourrissant d'un carburant te détruisant les derniers neurones qui te permettent d'avoir une conscience, conscience te rendant un minimum humaine.

Besoin d'air, besoin de bouger, mal aux muscles. Douleur dans l'omoplate, dureté du carrelage froid de ta salle de bain à moitié dans la pénombre. Plissement des yeux pour t'habituer à l'éclairage de ton écran, blocage sur le numéro de Lucas, non tu n'étais pas en état, pas en état de le voir comme ça .. Tobias, le sourire apparaissant sur ton visage te faisant comprendre que c'était avec lui que tu avais besoin de sortir ce soir, Tobias, ton fidèle cousin, plus de ta famille que tout les autres ces derniers temps, un des seuls à t'épauler Hé Tobie, ça te dit on se voit ? Un bowling ? Ou juste un verre à toi de voir ma biche ? Envoyé, faudrait vraiment que tu te brosses les dents Marge. Bouge toi le cul vieille dinde.

Le carrelage froid te fait du bien, t'aide à remonter à la surface. Te faisant prendre conscience de ta situation, tu étais allongée par terre, comme une dinde, tremblant comme une feuille, faible. Ça te rendait tellement faible, sans ta dose, tu devenais une personne vulnérable. Tu n'étais plus maître de toi même, tu avais besoin même d'une toute petite seringue, rien de plus, tu te sentirais mieux, tu passerais une meilleure soirée si tu étais défoncée. Mais tu ne le ferais pas. Tu t'étais fixée un objectif, à toi d'être forte Marge, sois forte pour toi. Montre aux gens que tu es capable d'y arriver, boucle leur le bec à ceux qui pensent que ta vie est fichue, que tu as foiré ton coup, que tu ne seras jamais quelque chose, rien pour l'éternité. Une éternité coincée dans tes chiottes à vomir ton âme, pleurant comme une gamine ayant besoin de sa mère. Tu n'attendais plus qu'un électrochoc pour pouvoir te relever, tu n'attendais plus que la réponse de Tobias pour savoir ce que tu allais bien faire de ta soirée. Un verre c’est cool, c’est mieux si on évite de le mêler avec des boules de plusieurs kilos (non je parle pas des miennes). Chez toi, chez moi, en ville ? As you wish. La lourdeur, tu rigolais en voyant l'humour bien pourri de ton cousin, de famille certainement. Tu n'avais pas envie de voir trop de monde, pas envie de tomber encore sur des personnes que tu n'as pas envie de voir, tu aimais aller chez Tobie, tu aimais les soirées films, pop corn chez lui. Que de bonnes soirées. "Je viens chez toi ? On pourra se mater des films et rester posé, comme ça tu n'auras pas besoin de bouger tes deux petites boulettes. Je me prépare et j'arrive. A tout de suite Tu te leva, enfila un jeans, un t shirt, chignon fait à la vitesse grand v et tu partais, en direction de chez Tobias, vélo aidant. Tu n'avais pas besoin de te faire belle, Tobias était sans chichi et tu aimais ça. Sonnerie retentissante et tu sautais au cou de ton cousin, enthousiasme grandissant en sa présence. "Salut Tobie,
tu m'as manqué, ça va ? T'es tout beau ? C'était pas la peine de faire ça pour moi" Tu lui fis un clin d’œil, tu étais vraiment heureuse d'être là, bouffée d'oxygène