Sarah & Noah

11h : je lisais le script que je devais apprendre pour les tournages à venir. Ces temps-ci j’étais partagé entre des aller-retours entre Asheville et Maggie Valley mais je savais que le tournage allait bientôt prendre fin d’ici quelque semaines. Je mettais les bouchées doubles pour être à la fois efficace au boulot et dans ce nouveau rôle que je prenais tout juste en main. C’était du boulot. Charly qui était une ado pourtant adorable, commençait à se trouver sur une pente glissante depuis le décès de ses parents et s’ouvrait peu. J’avais peur de ne pas être à la hauteur parfois et il m’avait fallut faire appel à Sarah pour qu’elle m’aide dans cette « tâche ».
12h30 : j’estimais avoir assez lu pour la journée puis il fallait que j’aille faire deux-trois courses alimentaires. Tout le monde sait qu’un homme et une ado en pleine « croissance » mangent. Puis je me dépensais beaucoup aussi, physiquement. Je ne faisais pas partie de ces gens superficiels et fuyais ça par habitude mais j’étais quand même quelqu’un qui prenait soin de son corps (et c’était mon business, quelque part). Je faisais au mieux pour nettoyer le salon d’une façon irréprochable, les chambres et j’en arrivais à la cuisine. Evidemment dans l’ordre peu logique des choses j’avais décidé de faire des œufs au plat après avoir tout nettoyé, histoire de bien dégueulasser la plaque à induction une nouvelle fois et en préparant des légumes à poêler, les épluchures trainaient sur le plan de travail. Tant pis.
Ce n’est pas avant 13h47 que j’eus fini de manger, planté devant les informations à râler à chaque fois qu’on évoquait les déboires du nouveau président. Tout m’horripilais et si j’avais pu, je serais parti du pays dès son élection pour fuir au canada. Tout le révoltait chez ce type.  Mon dessert fut un simple bol de céréales (très mature il faut l’avouer).

Charly était en cours aujourd’hui et je profitais d’avoir la maison pour moi en me disant qu’il aurait également fallut plonger le nez dans la paperasse, les factures liées à la maison, ce type de choses car l’adolescente était bien trop jeune pour se soucier de tout ça et ne s’y intéressait de toutes façon pas. Ce qui m’importait en revanche était qu’elle aille mieux, qu’elle s’ouvre et se sente en confiance à mes côtés et qu’elle vive sa vie d’ado tout en bossant à l’école. Ses parents étaient très insistants sur ce point : les études. Je la supposais donc à l’école à ces heures-ci et elle ne devait pas rentrer avant 18h-18h30.

Ce moment de solitude me poussa donc à lire de nouveau le script jusqu’à être distrait lorsque la chaîne hifi sur laquelle j’avais connecté un iPod jouait une chanson du King. Forcément, mes mains battaient sur la table, mon pied frappait le sol selon le rythme de l’air et je ne pus m’empêcher de fredonner puis de me distraire une nouvelle fois. Je nettoyais le reste de la cuisine avant de me décider à prendre une douche. Le pied de faire ça en plein après-midi.
Je fus retardé par un appel de mon agent qui dura près d’une heure et finalement je parvenais enfin à me trouver dans la cabine de douche en milieu d’après-midi. Je n’avais pas regardé l’heure mais il devait bien être aux alentours de 15h quand j’en sorti. Mon portable sonna de nouveau, merde. il était resté en bas dans la cuisine et je me précipitais à peine séché pour aller répondre. Je ratais l’appel de peu mais en voyant le nom qui s’affichait, je me disais qu’il valait mieux que je ne tarde pas à rappeler. Ce que je fis tout en me servant dans le frigo (par cette chaleur je sur-consommais l’eau). Puis je raccrochais en posant le téléphone sur le rebord du comptoir de cuisine. La musique jouait des airs lambdas mais j’avais baissé le volume avant d’aller dans la douche. En revanche, je n’avais pas entendu Sarah venir. J’avais remarqué un SMS dans lequel elle demandait s’il y avait besoin de quelque chose mais il datait de deux jours. Je n’avais pas vu de nouveaux messages depuis. Alors que je refermais la porte du frigo une voix me glaça le sang. Pris de court, par surprise je ne masquais pas une expression des plus étonnées. M’exclamant je me retournais naturellement et fus décontenancé en voyant Sarah là, à quelques pas. « Jeez tu m’as fait peur ! ». En même temps je cachais de mes mains mon intimité, l’idiot que j’étais avait osé descendre sans rien prendre et je saisis un essuie-main pour m’en servir au mieux afin de paraitre… moins nu. « Hum… » J’eus un rire nerveux et me regardais de haut en bas. J’avais l’air ridicule et surtout, elle ne devait pas comprendre ce qui se passait. Oh bon sang et si elle pensait que je vivais comme ça la plupart du temps ?! Tout de suite je rectifiais le tir « Ne crois pas que… enfin je… d’habitude je ne fais pas ça je sortais de la douche j’ai eu un appel et … je suis descendu … ».  Je lui demandais de m’excuser un instant et me déplaçais comme un imbécile en crabe pour aller enfiler un Jean et un T-shirt.

Puis en descendant les escaliers plusieurs minutes plus tard, habillé cette fois-ci, j’interrogeais la brunette sur sa présence. Généralement elle venait m’aider en cas de soucis avec Charly (ou en guise d’aide) mais il faut naturel pour moi de lui demander ce qui se passait, un peu inquiet « Tout va bien ? Charly a un souci ? Elle est au lycée normalement… ». Elle me rassura bien vite.

Sarah était une jolie femme, la marraine de Charly que j’avais vu à quelques occasions puis en coup de vent ces derniers jours. Depuis l’annonce du décès des Messer. « Maintenant que je suis habillé… je peux te proposer quelque chose à boire ?  Je suis désolé pour tout à l’heure…». Je préférais en rire et dédramatiser le truc que de me morfondre ou me noyer dans une honte (inutile). Je la voyais se mettre à l’aise et s’installer ce qui me poussa à prendre place sur le tabouret du comptoir près d’elle. J’osais pas vraiment lui demander mais je me lançais malgré tout. « On avait quelque chose de prévu pour Charly ou… qu’est-ce qui se passe ? ». Plus ou moins subtilement j’essayais de comprendre sa présence impromptue ici.

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Sarah & Noah

Putain mais quel con. je me sentais complètement idiot et quand même bien gêné quand je remontais ces marches. Et j’espérais que Sarah n’allait pas rester sur cette « image » de moi. C’est vrai que l’on ne se connaissait pas tant que ça alors je n’avais pas l’intention de paraitre pour un parrain irresponsable et encore moins exhibitionniste. Ce n’était qu’une pure coïncidence, mauvaise certes, mais le fruit du hasard. D’où le fait que je pris un air relativement normal en redescendant plus tard et reprenait un semblant de discussion en ne revenant pas trop sur ce qui s’était passé. «Heu non, je n’ai rien eu » glissais-je pour lui faire savoir que aucun message n’avait été envoyé. D’ailleurs si je l’avais vu, il était probable que ce « se faire surprendre sans fringue dans la cuisine » ne serait pas arrivé. Puis je finissais par lui servir à boire et l’interrogeais sur sa présence « Vivre ici ? Tu veux t’installer ?» je répétais pas parce que je n’avais pas entendu ou mal compris mais, j’étais encore une fois surprise qu’elle décide cela. Etait-ce parce qu’elle doutait de mes compétences à gérer la situation ? « Bon j’admets que lorsque tu a été chercher Charly au commissariat au milieu de la nuit la semaine dernière, ça te permettait de douter mais, je t’assure que je fais ce que je peux… ». J’étais songeur. Songeur par rapport à l’attitude de Charly et ce qu’elle devenait au fil des jours « je ne la comprends pas… avant tout l’accident, quand ses parents étaient là, jamais elle n’aurait été du genre à faire ce type de conneries ou je ne pense pas qu’une seule fois elle ait eu à faire avec la police mais là… j’ai un peu du mal à suivre elle a changé…». Je réfléchissais aux événements des derniers jours et encore récemment quand elle est rentrée complètement saoule d’une soirée.

L’annonce de l’épisode suivant des ‘feux de l’amour’ ce fameux soap opera ridicule passait à la télé en bruit de fond ce qui distrayait visiblement Sarah. La conversation prenait dès lors un ton un peu plus léger le temps de quelques minutes « ah oui ça… tu m’as grillé. Voilà à quoi je passe mes journées … tu as le choix entre ça ou alors les documentaires sur la pêche… » dis-je accentuant pour rire le côté chiant de ce que je regardais. Enfin pas vraiment. Mais je surenchérissais très rapidement du tac au tac « Ah oui ta mère est vraiment fan de ce genre de chose ? On va bien s’entendre elle et moi, elle devrait emménager ici aussi… ». Mince. ça ne sonnait pas aussi bien que je l’aurais cru et je ne voulais pas qu’elle se vexe. Ce n’était pas visé directement contre elle ou ce qu’elle venait de m’annoncer car il était évident qu’elle prenait ce rôle de marraine très au sérieux. « Pardon. Ce n’est pas sorti comme ça aurait du… ». Je passais vraiment pour un con cet après-midi c’était peu croyable. « Hum… merci. De ta proposition je… pense que ça ne poserait pas de problème à Charly. On lui en parlerait quand elle rentrera… enfin je présume que si tu es sa marraine, vous vous entendez bien et voyez souvent non ? » Finalement elle la voyait probablement encore plus souvent que moi d’autant plus qu’elles habitaient toutes deux dans la même ville.

Puis une fois qu’elle eut fini, je repensais à un détail. Un homme que j’avais brièvement vu lors de réunions passées avec les Messer. « Mais cette décision, ça conviendrait à ton Mari ? Tu es mariée non ? Je crois » Je ne savais plus vraiment mais j’avais un très vague souvenir de l’avoir vue accompagnée d’un homme quelques mois auparavant du moins dans le courant de l’année. « Crois-moi je ne remets pas en cause ta décision mais… je ne voudrais pas que ça crée des problèmes non plus tu vois ». Je trouvais ça sympa, dans le fond qu’elle vienne en renfort et surtout soit là à 100% pour Charly.

Encore une fois, j’évitais de l’interrompre et poursuivais cette sorte d’entrevue dans laquelle j’apprenais un peu des choses sur elles avant que l’on aborde des sujets sur la gestion et l’organisation. « Mais du coup tu es venue les mains vides comme ça ? ». Elle me rassura en me disant qu’elle avait des sacs dans le coffre alors je lui proposais d’aller chercher ça de suite pour l’aider à décharger et s’installer plus ou moins. Tout en allant à la voiture, je disais sur le ton de l’humour afin de détendre cette situation, cette rencontre plus personnelle « je sais pas, j’ai cru que tu ne restais qu’avec une tenue puis tu te servais d’essuie-main le temps qu’elle passe en machine… un peu comme moi quoi ». Je riais. elle s’en doutait vu le ton léger que je prenais. En tant que mec, il était logique que je porte les plus lourdes et entrais les valises dans la maison « Mais ça va aller tout ça, avec ton métier ? ». Lorsqu’on s’était revu à plusieurs reprises ces derniers jours, je savais qu’une fois elle n’avait pas pu se déplacer pour Charly car elle était de garde (en tant qu’infirmière à l’hôpital du centre ville). Bon en même temps ma remarque était idiote étant donné que des femmes élevant des enfants pouvaient tout à fait travailler et le métier d’infirmière n’était pas incompatible avec l’éducation de Charly. Ceci dit je voulais que les choses soient au mieux pour l’adolescente.

« Je crois qu’on va devoir discuter un peu de l’organisation non ? Puis des habitudes aussi, parce que, même si tu crois avoir tout vu, ce n’est pas le cas ». Encore une fois, je laissais planer une touche d’humour tout en montant les valises dans une chambre libre. « En tout cas merci, de venir. Rien ne te forçait à le faire mais je crois que ça serait bête de ma part de refuser une aide. Puis nous avons ce rôle à part égale après tout… il faudrait vraiment qu’on parvienne à faire au mieux pour qu’elle reste dans le droit chemin, j’ai peur que elle prenne le contrepied des fois ». J’étais humain et pas superman. J’avais des craintes comme tout le monde et probablement des failles; Sans aucun ego, j’acceptais donc la main tendue de Sarah. Plutôt content d’avoir une alliée.

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Sarah & Noah

Je n’avais pas l’intention de m’embrouiller avec Sarah et encore moins de me montrer désagréable. Les remarques que je lui faisais étaient de simples constatations et visiblement tout ce qu’elle souhaitait était d’embrasser ce nouveau rôle qui était sien en se comportant au mieux, comme une marraine le ferait. Elle s’investissait dans cette fonction, et nous devions tous deux le faire encore plus maintenant que les parents de Charly n’étaient plus là. En vrai, j’étais flippé. Flippé de cette responsabilité des plus sérieuses qui nous tombait sur le coin de la gueule. J’avais un peu peur de ne pas être à la hauteur mais en tant que adulte responsable et en plus ‘homme de la maison’, je devais prendre sur moi et laisser paraitre que tout était sous contrôle. Enfin presque. Et Sarah ne manqua pas de prendre la défense de Charly en expliquant d’une façon ou d’une autre le comportement de cette dernière, ses quelques conneries. « Je sais bien qu’elle va nous tester et qu’on ne doit rien lâcher. Trouver un équilibre entre un vrai encadrement pour être sûr qu’elle ne se sente pas libre de faire absolument tout sans limite, et en même temps il ne faut pas trop lui interdire les choses parce qu’elle prendrait le contrepied et se sentirait trop enfermée, coincée avec nous…. ». Je savais que bien que nous étions toujours parrain et marraine, comme avant, comme ça l’avait toujours été depuis sa naissance, l’absence de nos amis dans l’équation changerait sûrement la donne.

Puis on partait sur un sujet un peu plus léger. J’appréciais le répondant de la jolie brunette qui me fit part de la passion de sa mère pour cette idiotie de soap opera. Qu’est-ce que j’étais heureux de ne jamais m’être engagé à faire une série de ce type.  C’était le genre de truc qui vous collait à la peau à vie après.  « Je crois que si elle me tient un discours du genre je ne vais pas supporter trop longtemps… ». D’accord c’était bête mais j’étais un peu susceptible sur le coup. Pas dans mes habitudes mais … la maison était-elle vraiment si sale ? Ou alors Sarah était une fée du logis (ce que je demanderais à voir).

En abordant la conversation ‘compagnon’, elle était relativement vague mais ce dernier semblait comprendre toute cette situation inhabituelle et surtout inattendue. S’il s’en accommodait c’était tant mieux. « Je présume que ça fait une préoccupation en moins à avoir » fis-je pour appuyer le fait que cela convenait au compagnon de Sarah. Elle avait bien de la chance d’être avec une personne avec laquelle elle se trouvait sur la même longueur d’onde. En tout cas si ça lui allait, cela m’arrangeait aussi car je n’avais pas de crainte à avoir. C’est vrai Sarah emménageait ici après tout ! « J’espère que tout ira bien » notais-je en terminant de boire.

Je me levais alors du tabouret pour mettre le verre dans l’évier et en même temps elle m’apportait des précisions sur son emploi du temps. Histoire de me prévenir en amont. La jolie jeune femme était plutôt prévoyante ce qui était un bon point. Je m’esclaffais. « Merci de me prévenir, je vais pouvoir faire le tour de mon répertoire téléphonique » dis-je avec humour en référence à mon état de nudité plus tôt. Et ce qu’elle ajouta renchérit mon sourire déjà présent sur mon visage. « J’ai cru que tu allais dire que tu avais vu des ‘Corps’ pires que le mien…. mais oui… des cas… bon c’est rassurant alors, non ?! Tu aurais pu plus mal tomber ». Je m’essuyais alors les mains prêt à lui filer un coup de main avec les valises que je montais ensuite à l’étage. Elle était redescendue avant moi pendant que je vérifiais qu’il y avait tout ce qu’il fallait en haut.

Au moment où je regagnais le rez-de-chaussée, je fus surpris par un chien qui me sauta dessus. « Woa ! » m’exclamais-je un peu surpris (encore une fois). Mes bras servaient de protection jusqu’à ce que je me redresse pour repousser un peu l’animal et le caressant enfin sur le haut de la tête. « Disons que j’aime les animaux des autres oui. Heu…. il faudra voir avec Charly pour ça aussi…. ». Puis je m’adressais au chien avant de le laisser suivre Sarah qui lui ouvrait ensuite une porte arrière qui menait sur un jardin clos. Décidément il y avait de nouveaux changements. De gros changements même. Je regardais Toby évoluer sur ce terrain qu’il s’appropriait lui aussi et les bras croisés, debout derrière Sarah, je lui demandais alors. « Comment on s’organise du coup ? Je veux dire, par rapport à Charly ? Il faudrait peut-être que l’on discute de notre perception de l’éducation, ce qu’on pense qui est bon ou non pour elle afin d’être cohérent face à elle non ? J’crois qu’il y a rien de pire que d’être en désaccord sous son nez, elle pourrait tirer avantage la situation…. ».

Je tournais les talons pour retourner dans la maison, dans le salon notamment afin de m’asseoir sur le canapé. « Est-ce que tu as des enfants ? ». J’avais vu l’exemple des parents de Charly, comment ils tenaient à une bonne éducation de leur fille ainsi que son épanouissement. « C’est indiscret. Excuse-moi. C’est juste… juste pour savoir un peu ta conception de l’éducation… par exemple je crois qu’on devrait éviter de marcher avec ce système tu fais une bonne action ou tu bosses et t’as une récompenses. C’est pas quelque chose que je soutiens. Limiter les sorties et assurer un suivi de ses devoirs… ». Parler de tout ça paraissait m’être complètement extérieur. Ce n’était pas moi qui tenait ces propos et qui savait toujours prendre les bonnes décisions. Du moins je me surprenais à prendre les choses en mains. «Si l’un de nous deux est contre quelque chose et qu’elle sollicite l’autre pour avoir une réponse inverse, il faudra aussi qu’on se coordonne… ».

Mes mains l’une dans l’autre, coudes appuyés contre mes cuisses alors que j’étais assis sur ce canapé, incliné en avant je soupirais.  « Je n’arrive toujours pas à croire que tout ça nous arrive… ». Reprenant un peu mes esprits je poursuivais « Peut-être aussi que tu pourrais me tenir informé de ton emploi du temps … ceci dit elle peut prendre le bus du lycée à ici ».

Puis mon regard se plongea dans celui de Sarah. Pensif. « Tu n’as aucune inquiétude toi ? ». De prime abord elle semblait être superman..

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Sarah & Noah

La discussion était tantôt sérieuse tantôt plus légère mais je ne prenais pas à la rigolade l’éducation de Charly et ça, Sarah en avait très certainement conscience, c’était évident. « Les limites ? Je crois que j’ai vu beaucoup de choses quand j’étais plus jeune et j’ai aussi fait pas mal de conneries. Honnêtement, la consommation d’alcool abusive à son âge je suis moyennement pour tout comme la consommation de drogue. Puis surveiller quelques fréquentations aussi… je voudrais vraiment qu’elle se concentre sur sa réussite scolaire ». Je précisais toutefois « bien sûr pour moi on peut sortir, s’amuser, avoir des amis mais, il y a des horaires en semaine, des restrictions quand c’est les examens… ce genre de choses ». Je m’impliquais beaucoup d’emblée car ça me paraissait essentiel. Crucial même. Ce rôle, il fallait ne pas le remplir à moitié afin de mettre en place les choses. Je n’allais évidemment par mettre un tableau avec des règles à respecter car elle n’était pas une gamine.

Je ne relevais pas trop la suite sur les feux de l’amour. En revanche j’étais amusé pas la remarque de la jeune femme. Je réalisais que ma remarque avait pu être mal interprétée car je n’avais pas l’intention d’être avec un nombre pluriel de nanas. « Ne les retrouve pas ? Non non ne t’en fais pas pour ça » dis-je sans pour autant soutenir ses propos sur les serviettes. Je pensais en particulier à une femme. J’esclaffais de rire quand elle me reparla de cet incident « Bon et bien tu pourras évaluer mon cas au fur et à mesure… ».

Je m’en amusais plus qu’autre chose. On passait à autre chose et une fois les valises installées, le chien sorti, nous nous retrouvions tous deux sur ce canapé, de nouveau à parler de ce qui était prioritaire pour nous : Charly. Elle était devenue notre priorité numéro 1. Et source d’inquiétudes aussi car être une sorte de parent de substitution était finalement plus flippant que ce que j’aurais imaginé. J’hochais la tête ou ponctuais de certaines intonations au fur et à mesure qu’elle parlait. « Oui. On devrait en parler avec elle ou on instaure ce fonctionnement entre nous et on ajuste ? ». Il fallait voir en pratique ce que ça donnait après tout.

J’apprenais ensuite à connaitre un peu Sarah sur ses méthodes d’éducation. Eventuellement si elle était déjà mère de famille elle avait certaines idées sur comment tout cela fonctionnait. Je ris. En fait, j’adorais les bébés, les enfants, j’appréciais les jeunes… mais l’idée d’être parent n’était pas quelque chose à laquelle je me faisais. Peut-être était-ce du à ma profession, la notoriété ou les personnes sur mon chemin aussi. Je n’avais peut-être pas rencontré la femme qui fait que. En tout cas, je savais tout ce que cela impliquait et combien ça serait difficile à gérer car même si je faisais tout pour être une personne lambda dans ma vie privée, je n’étais pas M. tout le monde. « Oui tiens moi au courant de ton emploi du temps ça me va » dis-je. J’étais étonné que elle en revanche n’en n’ait pas car elle me semblait assez droite dans ses bottes puis elle avait un compagnon après-tout. Au final je n’avais vu que des bribes de sa vie mais, je ne la connaissais pas. « Pour les choses à faire à la maison, les basiques quoi… » fis-je en me relevant pour aller regarder mon téléphone qui avait sonné suite à la réception de messages. C’était un message d’un ami avec qui j’avais tourné. Il m’envoyait des photos depuis Los Angeles où il préparait visiblement la soirée du siècle.

Je reprenais place sur un siège en face du canapé et observais Sarah, recroquevillée sur elle. « On ne pense pas vraiment à ça quand on accepte d’être parrain ou marraine. C’est sûr mais je pense que si les grands parents avaient pu alors la décision aurait été autre. Je sais que certains sont décédés et d’autres, non aptes à s’occuper d’un enfant et encore moins d’une ado…. ».

Je me grattais l’arrière de la tête et regardais de nouveau la brunette. « On va assumer, se relever les manches et faire du mieux qu’on peut. On est deux là-dedans, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas, si ? ». Nerveusement je passais ma main dans ma petite barbe. Je repensais à la notoriété mais encore une fois, il fallait que je parvienne à faire au plus abstraction de tout ça. A propos de ces réflexions et la mise en place d’une organisation, je pensais au fait que le frigo soit vide aussi. « Au fait, je pensais aller faire quelques courses, à moins que pour toi un bol de céréales soit un diner mais…. ça t’embête si on va faire un saut là-bas ? Ou je m’en charge ? ».

Encore une fois je me demandais comment elle faisait chez elle « D’ailleurs tu t’organises comment chez toi ? Mais hum… t’es sûre que ça va pas poser de problème à ton conjoint si tu viens là ? Je t’avoue que je ne voudrais pas d’embrouille, il ne changera pas d’avis ça lui convient de faire comme ça ? ».

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Sarah & Noah

En discutant avec Sarah nous faisions part réciproquement de nos états d’âmes vis-à-vis de cette situation fortuite face à laquelle nous nous trouvions. Tout ceci était inimaginable il y a quelques mois. Jamais je n’aurais imaginé une seconde me retrouver dans la configuration actuelle. Notamment devoir gérer une ado du jour au lendemain et à présent être dans une sorte de cohabitation avec une femme que je connaissais à peine, par défaut. J’aurais quand même plus mal tomber car je me rendais compte après quelques minutes que cette femme avait un sens de l’humour certain, avait la tête sur les épaules et puis il fallait l’avouer, n’était pas désagréable à regarder. Mon esprit se focalisa par la suite sur les paroles rassurantes que je lui lançais pour qu’elle sache qu’on s’en sortirait. Je ne le savais pas mais je devais m’en convaincre et elle aussi par la même occasion.

Vint alors le sujet alimentaire et je sais que mon agent m’aurait hurlé dessus si elle savait parfois la façon dont je me nourrissais, négligemment. J’aimais les bons plats, les préparations maison mais je n’étais simplement pas très doué pour préparer beaucoup de chose, hormis deux-trois plats et un dessert que je maitrisais. Même les céréales offraient plus de diversité que ça en raison de la multitude de paquets possibles. « Je n’ai pas souvenir qu’elle ait été particulièrement difficile lors de repas passés… il me semble juste qu’elle a en horreur les artichauts, les asperges et les navets. Autrement aucune idée. Je suppose qu’elle est un peu comme tous les ados de son âge non ? ». Bon puis elle mangerait bien ce qu’il y aurait (et au pire des céréales seraient toujours dans le placard en plan B).
« Non mais tu ne vas pas avoir cette corvée on verra bien comment on s’organise… ». J’évitais d’entrer immédiatement dans ce cliché où la femme était derrière les fourneaux « … on va éviter de rentrer dans ce cliché, on bosse tous les deux mais on trouvera bien une façon de procéder en temps voulu… ». Pour l’instant il fallait s’atteler aux course.

« Le chien reste dans le jardin ou il peut rentrer dans la maison sans faire de dégât ? » m’inquiétais-je alors n’oubliant pas cette boule de poils ambulante.
Je l’avais sans faire exprès un peu coupée dans son élan alors qu’elle me révélait des choses sur sa situation amoureuse. Son compagnon ne semblait finalement pas vraiment approuver tout ça. « Il n’y a pas de problème tu peux m’en parler. Je suis désolé je ne sais pas trop quoi dire. En fait il me semble logique de prendre ce rôle au sérieux et d’être à 100% là pour Charly et en même temps je crois que ma situation personnelle me permettait de le faire. Je ne sais pas vraiment pourquoi il se comporterait de la sorte mais…. j’espère que ça n’aggravera pas votre situation quelle qu’elle soit et que vous trouverez une solution. Si des fois tu dois t’absenter pour le retrouver et passer du temps avec lui, je peux comprendre aussi hein. N’hésite pas… » c’était avec pleine conscience et considération pour elle et sa vie de couple que je proposais cela. Son mari (ou compagnon peu importe) semblait vouloir un peu d’attention. Mal placée certes vu les circonstances mais… je n’étais pas dans la tête de ce dernier pour savoir comment les choses évolueraient.

Une fois deux trois choses réglées, on montait ensemble dans ma voiture pour se rendre à un commerce de la ville. En conduisant, nous continuions une discussion banale, apprenant à nous connaitre l’un l’autre. J’essayais, lorsqu’elle me parlait de son union, d’imaginer son compagnon, chercher dans mes souvenirs car nous nous étions probablement croisés dans le passé et un souvenir me revint à l’esprit « Pour le 10e anniversaire de Charly… lorsqu’il y a eu cet immense château gonflable …. ce n’était pas une idée de ton compagnon ? ». Il me semblait qu’un proche du couple avait fait cette suggestion (brillante soit dit en passant) et il s’agissait d’un homme. Je m’étais aligné bien que j’avais eu cette autre idée de faire faire des tours de poney. Cet anniversaire avait été mémorable. La conversation se poursuivit jusqu’au parking du primeur où nous devions aller. Fermé à cette période de l’année; De même pour une commerce voisin vers lequel on s’était dirigé quelques minutes plus tard. Un peu agacé par ces échecs successifs, je proposais à Sarah « Bon… qu’est-ce qu’on fait ? Pizza ce soir ? ». Suggestion comme une autre. Pas des plus diététiques mais je me disais que ça ne faisait de mal à personne, de temps en temps. Puis ça économiserait non seulement du temps mais aussi de la vaisselle.

« Donc tu as toujours vécu à Maggie Valley ? Tu n’as jamais rêvé d’ailleurs ? De voir d’autres villes ou d’autres pays ? » je m’embarquais sur le thème des déplacements et voyages. Toujours pour apprendre à la connaitre alors qu’on roulait de nouveau vers la maison. En arrivant là-bas je suggérais d’aller promener Bobby. Ma montre indiquait qu’on avait encore un peu de temps avant que Charly ne rentre de cours

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