Tu n'avais pas vraiment envie de bouger. C'était un de ces moments où l'on a juste envie de rester chez soi, de ne rien faire et de mater des films, couverture t'engouffrant, peut être une bière et de la pizza. Cas de force majeure, plus de bière dans le frigo, plus de pizza non plus, plus rien en fait, à part deux yaourt et une bouteille de jus au pamplemousse, rien de très glorieux. Des courses s'imposant donc.
Il ne te fallait que peu de temps pour arriver au magasin du coin comme quoi c'était finalement une bonne chose de vivre dans une toute petite ville ...
Tu te mettais en route, pas besoin de voiture. Besoin de prendre un peu l'air, besoin de te changer les idées. Besoin de quoi finalement ? De quoi à tu vraiment besoin pour chasser tes démons Ellen ? L'air frais du magasin te faisait du bien, tu avais chaud, il faisait beaucoup trop chaud pour cette saison, tu n'aimais pas la chaleur, tu n'aimais pas cet air irrespirable, cette fâcheuse tendance de se retourner dans son lit cherchant un peu de fraicheur, rien n'allait aujourd'hui pour toi, ça arrivait tout simplement ...

Finalement, tu pris plus de choses qu'il ne te fallait, tu étais gourmande, tu n'étais pas vraiment proche de tes sous, tu pouvais prendre tout ce qui te faisait plaisir. Ton panier était vite rempli, tu aurais peut être du prendre moins de choses ? Tu arrivais à la caisse, tu remarquas très vite que la caissière avait de très beaux cheveux, ressemblant énormément aux tiens ... C'était une jolie fille pourtant tu ne te souvenais pas l'avoir déjà vu en ville, peut être entre aperçu sans t'en rendre vraiment compte, pourtant ... Tu connaissais beaucoup de personnes à Maggie ... C'était à ton tour, tu passa ta carte et tu remarquas que la caissière tiqua sur ta carte, y avait t'il quelque chose ? Une chose étrange ? Elle te regarda et pendant un instant, un instant seulement, elle te rappela quelqu'un, tu ne savais pas qui mais il y avait quelque chose de très familier, frustrant même chez elle ... Pas de problème, vous inquiétez pas Sourire gèné, oui vraiment étrange ce pressentiment ...

Quelque chose ne tournait pas rond, tu le savais, tu le sentais. Cette fille était vraiment bizarre depuis que tu étais apparue à sa caisse ... Tu avais un bouton ? Un truc entre les dents ? Ce genre de choses que l'on remarque et qui nous rendent mal à l'aise vis à vis de la personne ? Tu ne savais pas et ça te perturbait ... Vraiment ... Elle semblait vouloir te dire quelque chose, elle n'y arrivait pas cependant, ta fermeture éclair était ouverte ? Et gênée elle essayait de te le faire remarquer sans que tu ne le prenne mal ? Tu ne voyais que ce genre de solutions, sinon pourquoi voudrait elle parler avec toi, toi qu'elle ne connaissait pas ... "J'ai, hmm, appris, pour..." De quoi est ce qu'elle parlait, elle avait appris quoi ? Qui pouvait bien être cette fille bordel ... "L'accident." BOUM. Coup de massue, tu tiqua, c'était peut être une amie de Côme ... Non, tu ne l'avais jamais vu, tu avais rencontré toutes les amies de Côme, elle n'en avait pas beaucoup d'ailleurs, elles étaient déjà toutes venues à la maison, se préparant, essayant de se maquiller pour faire comme les grandes, parlant de leurs histoires de cœur avec des musiciens célèbres, rêvant, profitant de leur jeunesse, jeunesse brisée. Cœur brisé en voyant cette fille sachant à quel point tu pouvais souffrir ... Tu ... Tu étais une amie de Côme c'est ça ? Ca te semblait impossible, sa tête ne te disait vraiment rien, elle était froide, impassible, le genre de personnes qui n’intéressait pas Côme, ta Côme remplie de soleil et de joie ... Tu n'as appris que maintenant pour son décès ? Je ne vois pas du tout qui tu es excuse moi ... Je suis Ellen, sa sœur,
enfin tu dois le savoir je suppose ... Tu ne savais plus vraiment ce que tu disais, tu perdais pied, prête à te noyer dans tes souvenirs, souvenirs que tu essayais de mettre de coté la plupart du temps ... Peur de croupir dans le fond de l'abysse, toi la malheureuse. "Je suis désolée." Désolé ... Désolé de quoi ? Tout le monde lui disait ça, qu'ils étaient désolés comme si c'était de leur faute, comme si ils avaient fait en sorte qu'elle percute cette voiture, tout était de ta faute, tu aurais du être avec elle, tu aurais du mourir, pas elle, elle avait encore tellement de choses à vivre ... Trop jeune ... Tu n'as pas à être désolée ... C'est la vie, on ne peut plus rien y faire malheureusement ... Bon il y a des clients qui attendent, je vais te laisser, au revoir .. Tu ne pouvais pas rester là, tu avais besoin d'air, besoin de respirer, besoin de pleurer seule dans ta chambre, criant, hurlant, cherchant l'explication ... Tu étais à mis chemin quand tu remarquas que tu n'avais pas tes bonbons, elle les avait oublier sûrement, ça arrive mais toi tu avais besoin de ta dose, besoin de ton sucre, pour essayer de te remonter le moral ... Effet placebo surement ... Elle était toujours là à sa caisse, caisse vide, plus personne, c'était aussi silencieux que la mort, troublant, perturbant ... Excuse moi, je pense que j'ai oublié mon paquet de bonbons à la caisse, j'étais pourtant sûre de l'avoir acheter, je suis un peu tête en l'air parfois ... Tu revenais ici, endroit que tu avais fuis quelques minutes plus tôt ...

Tu étais là, tu ne voulais pas y être. Tu aurais tellement préféré être chez toi, quelque chose te faisait peur, cette fille te faisait flipper, tu ne savais pas vraiment pourquoi mais tu ressentais qu'elle te connaissait peut être mieux que tu pouvais le croire, tu étais sûre qu'elle cachait quelque chose, quoi tu ne le savais pas, tu n'avais pas vraiment envie de le découvrir. Tu fuyais comme toujours, tu ne savais faire que ça finalement, fuir, lâche. Quelque chose au fond te faisait penser qu'il y avait anguille sous roche, qu'il y avait quelque chose de malsain, de mauvais devant la courtoisie très peu commune de la vendeuse ... Non Côme n'avait pas d'amies que tu ne connaissais pas c'est tout, tu en étais sûre, tu connaissais ta petite sœur comme ta poche ...Ce n'était pas son style d'amie mais après tout ... On ne peut jamais connaître quelqu'un à cent pour-cent Ellen dis toi bien ça ... Tu es là, tremblante, ne sachant pas vraiment quoi faire, tu ne te sentais pas à ta place, tu aurais préféré être dans ton fauteuil, avec une bière, Ismaël au téléphone probablement pour faire les vipères comme vous saviez si bien le faire ... Tu aurais tellement préféré être là bas, au diable les bonbons, ça te fera un régime, tu en as bien besoin d'ailleurs, Ellen ... Alors pourquoi étais tu revenue, qu'est ce qui t'y avait poussé, certainement pas les bonbons, c'était plus fort que ça, plus intense, le destin probablement ... "Euh, oui, oui, évidemment, oui. Je les ai retrouvé, ils sont tombés. Attends." Ils étaient tombés tout simplement ... Ça arrivait , c'était pas grave, ça pouvait arriver à tout le monde ... Tu lui souris, tu as vraiment l'impression de la connaitre, elle a un sourire qui te rappelle quelqu'un, un sourire familier, trop familier, malaisant ... Elle ressemble à Côme, elle doit trop te manquer pour que tu la retrouve même dans la vendeuse ...Ho c'est pas grave, j'ai du les faire tomber, je suis tellement maladroite tu sais ... Tu rigoles, c'est vrai que tu étais maladroite, un peu trop, ça ne t'étonnait pas d'avoir fait tomber le paquet, tu ne pensais pas vraiment à ce que tu faisais à ce moment là ... "Je... Je ne connaissais pas Côme. Ni toi, ni... Ta mère ou ton frère. Je, hm. Je connais... Tu la regardes avec de grands yeux, elle ne connaissait pas Côme, tu t'en doutais, tu connaissais trop ta soeur, tu savais bien que cette fille ne faisait pas parti de son cercle d'amis, elle connaissait ton père ... Comment pouvait elle bien le connaitre ? Et assez le connaitre pour savoir autant de choses, les choses les plus profondes, ton père ne parlait pas beaucoup de Côme et encore moins aux personnes qui ne faisaient pas parti de la famille, il était très pudique là dessus, une chose que vous aviez en commun tout les deux ... Tu connais mon père ? Comment tu le connais ? Je veux dire je ne vois pas du tout qui tu es, je ne t'ai jamais vu à la paroisse, ça me perturbe un peu sans vouloir te vexer Non, tu ne pouvais pas comprendre d'où cette fille venait, et comment elle pouvait savoir tant de choses, choses que les Earnshaw gardaient bien enfouis ... Vous n'étiez pas des grands parleurs ... "C'est, c'est un peu compliqué mais nous sommes proches, lui et moi. Ca l'a beaucoup affecté, évidemment... Donc j'ai su." Proches ... Comment pouvaient ils être proches ? Assez proches pour lui dire tout ça, assez proches sans que vous ne la connaissiez, comment pouvait elle être proche de ton père sans même connaitre ta mère alors que les deux sont inséparables, comment pouvait elle être proche de ton père sans même connaitre Soren ou te connaitre toi, tout te dépassait ... C'était peut être une maitresse ? Non non tu n'étais pas dans un de ces films à l'eau de rose ou les hommes d'affaires se tapent des petites jeunes, c'était pathétique ... Non non, c'était autre chose, tu en étais sûre "Qu'est ce que tu entends par proche ? Je veux dire tu dis que tu es proche de mon père mais tu ne connais ni ma mère ni Soren ? C'est bizarre,
ils sont toujours fourrés ensemble ces trois là ... Tu ne rigolais plus tu sentais bien que quelque chose clochait ... "Je m'appelle Elsa." Elsa ... Elsa non ça ne te disait vraiment rien, tu sentais la lourdeur sur tes épaules, l'épée de Damoclès prête à tomber sur ta tête fragile, trop fragile ...