- don't worry life is easy, i chase all the dragons for you.

Devant les grilles de l'école maternelle, la foule des badauds ne cessent de s'amonceler. Père célibataire à droite en mal de vivre de son actuel divorce, troupeau de mères de famille en bonne et due forme à gauche qui ne cessent de commérer à tout va. Tu n'y prêtes plus attention depuis longtemps, jamais tu n'avais pu rentrer dans ce moule que certaines futures trentenaires s'infligent. Pourtant, tout le monde à le loisir de connaître les Levinki dans la région mais comme toujours, tu n'en as que faire des rumeurs de cours de récréation. La sonnerie de la fin de la derrière heure s'élève et tous les regards des gens se focalisent comme un seul homme sur le portail bleu de l'école. Bientôt c'est les bavardages des enfants qui rythment l'ambiance alors qu'ils attendent tous impatiemment que la directrice ouvre les grilles. Un sourire vient se peindre sur tes lèvres alors que tu aperçois Adam dire au revoir à sa camarade avant de se tourner vers toi et de courir dans tes bras. Tu le soulèves pour le serrer contre toi, heureuse de retrouver ton petit bonhomme après plusieurs heures consécutives dans le bloc des urgences. La nuit avait été longue, très longue. Un incendie avait ravagé une exploitation au sud de la ville et de nombreuses victimes voyaient leur pronostics vitaux engagés. Sa fidèle peluche de dinosaure à la main, le gamin pose sa joue sur ton épaule tout en murmurant combien il est content de te voir. Vous étiez particulièrement proches et complices tous les deux et Adam peinait souvent à faire confiance aux autres comme un attrait de ta personnalité prononcé qu'il aurait hérité. Sa timidité s'envolait néanmoins lorsqu'il était en compagnie de son entourage coutumier ou encore tout simplement lorsqu'il avait un crayon de papier à la main. D'ailleurs, il fut un temps où avoir toi-même un crayon de papier à la main était un acte de liberté. C'était une toute autre époque à ce moment là. Le vendredi soir était de coutume plutôt bien remplit puisque le petiot avait un cours de musique, une activité qui lui apporté une grande sérénité et de la concentration. L'étude du piano se révélé être un autre un atout à son arc. Cependant, son professeur étant absent pour la semaine, vous aviez décidés de vous détendre un peu au parc tout en mangeant une excellent glace sur le chemin. « Maman, tu as apporté mon carnet ? ». Sa petite mutine et réservée à la fois t'arrache un sourire adorateur pour ce petit être qui t'a toujours permis d'aller de l'avant. Tu le considères d'un clin d'œil avant de sortir son carnet de ton sac. Vous vous installez sur le parterre d'herbe du parc, légèrement en retrait de l'aire de jeux situé en contre-bas. Adam chasse les boucles blondes que le vent à ramener devant ses yeux avant de se saisir de son crayon et de continuer à croquer son esquisse. Tu observes chaque mouvement de ses petits doigts qui s'agitent avec une certitude prononcée pour son jeune âge. Il avait du talent et tu ne pouvais nier que cela venait de toi et de personnes d'autres. Tu fronces légèrement les sourcils en voyant le prénom inscrit sous l'un des gugusses qu'il a dessiné. Jace. « Un nouveau super héros, hm ? ». Le gamin hoche la tête avec un sourire amusé tout en poursuivant son œuvre. Il était évidement que la dernière fois que tu avais revue le jeune homme cela n'était pas passé inaperçu. Au même moment, ton cellulaire bourdonne dans la poche de ta blouse. Tu n'avais pas franchement eu le temps de te changer et puis la blouse avec un écusson de canard c'est mignon ? Tu fixes l'émetteur de l'appel avant de l'éconduire lorsqu'un nouveau message provenant de ton frère s'affiche. Toujours le bon timing comme l'on pourrait être sauvé par le gong. Ismael avançait en votre direction, une visite que le gamin a vite remarqué.

- don't worry life is easy, i chase all the dragons for you.

« Oh bonhomme, toi aussi tu m'as manqué ! ». L'exclamation de ton frère est sans anicroche, c'est celle de la fierté, celle qui accueille le soleil en dépit des nuages gris qui viennent obscurcir son ciel. Pas besoin d'être infirmière pour deviner combien le corps de grand gaillard qu'il est peine encore à se remettre de son état de santé. Ce dernier avait été préoccupant, l'esprit soucieux – confondus – de vos parents ne manquait guère d'être source de conversation au téléphone. Tout comme toi, Ismaël avait sa manière de donner le change pour une apparence plus douce pour ne pas perturber l'ensemble du cercle Levinski. Il n'y a plus de doute lorsque le gamin est en compagnie de son parrain, l'une des seules présences masculines régulière dans sa vie. L'absence de son père le touche quand bien même il ne le mentionne pas mais tu connais assez ton fils pour savoir que le lien père-fils s'étiole doucement mais certainement. L'esquisse d'un sourire sincère se dessine sur tes lèvres alors que tu secoues la tête en entendant la voix enfantine du petiot. Parfois, tu te demandes comment tu ferais sans ton petit frère qui aujourd'hui était bien plus grand que toi en terme de centimètres – bien évidement. « Salut soeurette, comment tu vas ? ». T'interroge-t-il en déposant une bise sur ta joue. Tu le serres doucement dans tes bras prenant garde à ne pas lui arracher une grimace de douleur dissimuler derrière un rire amusé. Adam s'assoit sur tes genoux sans pour autant délaisser son carnet à dessin et l'intention de son oncle. « Beaucoup de boulot et très peu de temps pour profiter du soleil ... ». Dis-tu sur une teinte d'ironie partielle. C'est vrai, tu accumulais de nombreuses heures au travail, parfois même plusieurs heures non stop mais ces dernières semaines les services des urgences semblaient se donner le mot comme une maladie contagieuse. Tes collègues déposaient leurs congés au même moment ou tombées enceintes toutes en même temps. Alors oui ça allait entre les week end trop courts et bien sur les retours inattendus des visages du passé. Tu chasses le prénom de ton ancien petit ami de tes réflexions personnelles avant de reporter ton regard – quelque peu fatigué – sur le visage de ton frère. Si ses traits d'expressions semblent moins tirés par le manque de sommeil, tu n'es pas dupe d'une conscience quelque peu fragilisé par ce qui lui est arrivée. « Et toi, comment tu te portes ? Je veux réellement, je ne suis pas maman ou pas. ». Voix posée et sincère, retour de l'ainée qui joue son rôle de sœur à la perfection depuis que le premier garçon de la fratrie est venu au monde. Lui et toi aviez vécus des évènements auxquels jamais vous n'auriez pensés et pourtant c'est ainsi. Tu caresses les boucles blondes de ton fils de cinq ans tandis qu'il penche légèrement la tête en suivant les mouvements de son crayon de papier. Un geste qui te rappelle la personne que tu étais encore il y a quelques années. Une période où le dessin représentait beaucoup de choses à tes yeux.