talk me.

être différent est souvent une contrariété pour le reste de l'espèce.

Cette journée...je n'aurais pas parié un sous qu'elle finirait de la sorte. Pas du tout même. Jusqu'a présent, je ne voyais aucune ombre sur le tableau. Depuis que j'étais venue te rejoindre à Maggie Valley, tout c'était plutôt bien passé. Je commençais doucement à me faire à l'idée que j'étais pas une petite princesse bourgeoise ici, que peu de personnes me connaissaient et au final,je préférais être une inconnue, sans avoir douze paparazzis qui me suivaient dans la rue,épiant mes faits et gestes, à la recherche d'une faute de ma part, d'un comportement excessif qui pourrait faire la une des journaux du lendemain. Non, j'étais tranquille ici,d'où le fait qu'au début, j'étais un peu ébranler par ce qui se passait ici. Mais oui,je n'avais jamais connu la tranquillité, jusqu'à ce soir.

J'avais reçu un coup de fil, ton coup de fil. Tu voulais que je vienne te chercher à l'hôpital. Oui, l'hôpital. J'avais bondis de mon canapé, propulsant mon chat au sol comme une malpropre, pour foncer prendre la voiture et te chercher. La preuve, j'avais même pas pris le temps de me remaquiller ou de changer de tenue. Pas très élégant de débouler en pyjama dans l'hôpital, mais j'étais trop inquiète que je m'en foutais. Par chance, c'était pas grand chose,mais bien sur, fallait être con pour pas voir que c'était des coups, que tu avais reçu. Tu t'étais battu ou avait été agressé. Je n'avais rien dis,je voulais pas en parler ici. Nous rentrâmes dans le silence, étonnament. J'avais pas la foi de dire quoique ce soit. Je te laisse donc vite t'allonger dans ton lit, avant de m'asseoir à côté de toi, ma main glissant sur ton avant-bras pour la caresser doucement :
"Tu veux quelque chose ? Manger, de l'eau, prendre une douche ? Par contre, compte pas sur moi pour te laver, c'est déjà difficile de se laver correctement soit-même,je veux bien t'assister mais faut pas trop m'en demander" Grommelais-je légèrement,tout en te regardant avec toute la tendresse que je te portais. Mon front était plissé, signe d'inquiétude à ton sujet. Je me risque alors à demander :
"Qu'est-ce qui c'est passé, Isma?"

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La soirée avait été rude et maintenant je voulais juste oublier. Fermer les yeux trente secondes et ne plus entendre le sermon vengeresse de ma mère, beuglant à qui voulait bien l'entendre qu'elle déclencherait les sept plaies d'Egypte sur ces mecs qui m'avaient attaqué. Une chance qu'un docteur charitable m'ait posé une perfusion de morphine. Cela m'avait suffisamment fait planer pour ne pas prêter attention à toute cette cacophonie. Croyez-moi, il n'y a rien de pire qu'une mère juive en colère. Les heures passèrent et finalement j'obligeais ma génitrice à rentrer se coucher, prétextant que Cara allait venir me chercher. Je n'ose d'ailleurs imaginer la tête qu'a dû faire mon amie lorsqu'elle a reçu mon coup de fil.

La voilà qui avait débarqué en pyjama, les cheveux en bataille et le teint livide. La vache on aurait dit un épouvantail inachevé. Ma petite princesse avait vraiment dû se faire du soucis pour arriver aussi vite. J'enfilai doucement mes vêtements, certains tâchés de mon propre sang. Génial.. ça partirait jamais. Quelques kilomètres en voiture et nous voilà enfin à l'appartement. Cara m'accompagna jusqu'à ma chambre et me borda comme un nourrisson. Elle n'avait guère parlé durant le trajet. Peut-être était-elle sous le choc ? J'étais sur le point d'ouvrir la bouche lorsqu'elle décida enfin à se délier sa langue. Un petit monologue qui me fit sourire, tirant au passage sur la coupure à ma lèvre inférieure. « Manger de l'eau ? C'est la morphine qui fait encore effet ou t'es juste à moitié réveillée ? ». J'échangeai avec elle un regard complice tout en savourant ses caresses sur mon bras endolori. « Oh beh merde, moi qui pensais que tu allais me frotter le dos comme il se doit. Espèce d'amie indigne va ! », ne pus-je m'empêcher de rajouter sur un ton moqueur. Un petit rire s'échappa aussitôt de ma gorge mais ce dernier fut rapidement étouffé par un rictus de douleur à cause de ma côte fêlée. Rigoler pour mieux se protéger : c'est le seul moyen que j'avais trouvé pour tenir le coup. En effet, j'avais beau paraître fort et plaisanter de la situation, il faut avouer que cette attaque m'avait bel et bien marqué. Toutefois je ne voulais pas en parler ; je préférais éviter. Si bien que lorsque ma coloc' entama la conversation à ce sujet, je poursuivis sur ma lancée. « Des mecs jaloux de ce corps d'Apollon, que veux-tu !.. ».

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En effet, ma langue ne c'était pas délié en parti à cause du choc de toute cette histoire. Je n'aurais pas cru cela possible, qu'une personne puisse te faire du mal. C'était bête et naïf de ma part, faut l'avouer. T'étais un peu mon tout, je sais que si je croyais un peu à cette histoire d'âme soeur, je dirais sans hésiter que tu étais la mienne, malgré ton appartenance au monde des non-hétérosexuel, ce que j'acceptais parfaitement car j'étais pas du tout contre. Même si je trouvais dommage qu'une bombe atomique ne puisse pas profiter de ton physique et ta gentillesse plus qu'incroyable. Enfin, tant pis.Ce serait un type, fallait s'y faire. Même si je n'allais pas laisser n'importe qui prendre ton petit coeur. C'est certain. Je grogne légèrement, avant de mettre une petite claque sur ton front:

"Crétin, j'ai dis, manger VIRGULE, de l'eau. Pas manger de l'eau à moins que t'es envie d'une soupe ou un bouillon. Bref. Tu veux un truc ou pas ?" Grommelais-je légèrement, pleine de mauvaise foi quand tu te moquais de la sorte de ma petite personne. Bon au moins, je te faisais rire. C'était un bon début.
"Totalement. Car tu me diras dans quelques jours, que c'était la honte de te faire laver par une gonzesse donc tu vas me le reprocher, hors de question donc" Dis-je en ricanant légèrement, posant mon regard noisette sur toi,avant de pousser un léger soupire, en te voyant avoir mal de la sorte. Je n'aimais vraiment pas te voir souffrir. De base, je me fichais un peu des autres, de ce qu'ils pouvaient bien penser ou quoi mais toi...C'était différent et cela le sera pour toujours.
"Arrête un peu de plaisanter avec ça. Qu'est-ce qui c'est passé, Ism' ?" Demandais-je très sérieusement.

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Quand j'y repense maintenant, ma vie serait tellement différente sans Cara. Elle représentait bien des choses à mes yeux : une amie, une colocataire, une confidente.. une âme sœur. C'est bien simple, si mon désir s'était porté sur la gente féminine, il y a fort à parier que j'aurais fini par lui passer la bague à doigt. Car malgré son petit côté princesse capricieuse, elle était et restera la femme de ma vie. Complémentaires comme jamais, entre nous c'est à la vie à la mort. Enfin, sauf quand elle s'en prend à moi physiquement comme c'est le cas à présent. « Aïeuh! ». Je me frotte aussitôt le haut du crâne. « D'accord du calme je te rappelle que je suis blessé… il reste de la pizza ? ». Malgré mon état, j'avais les crocs et la bouffe dégueulasse de l'hôpital n'avait pas réussi  à combler cette faim. Jouant de mes yeux de chat poté, j'ose une remarque pas très futée. « Tu sais qu'on dirait ma mère quand tu fais ça ?! ». Bon okay mauvaise idée, surtout si je cherchais à m'en reprendre une. Je ravale ma salive, histoire d'éviter une nouvelle attaque. Mais très vite ses paroles me font à nouveau rire, ne pouvant m'empêcher d'en rajouter une couche. « Oh ce n'est pas comme si c'était la première fois que tu me voyais à poil et inversement d'ailleurs », lui répondis-je d'une voix complice. Pour le coup, malgré le fait que nous n'étions que des amis, nous avions souvent tendance à agir comme un couple si bien que la pudeur chez nous n'était pas vraiment un problème. Nous en plaisantions souvent d'ailleurs, comme ici. Toutefois, mon sourire s'effaça lorsque Cara insista pour que je lui raconte véritablement ce qu'il s'était passé ce soir là. Je croise son regard et sans m'en rendre compte je préfère baisser les yeux, comme si le poids de ce souvenir était bien trop dur à assumer encore. « Je.. j'étais parti boire un verre et décompresser chez Joe. Quand je suis sorti après avoir passé le temps avec une ancienne conquête, il faisait nuit noire sur le parking... ». Je ferme les yeux l'espace d'un instant, inspirant profondément pour me donner du courage. « et là trois gars de passage qui se trouvaient dans le bar aussi me sont tombés dessus. ». Je me pince les lèvres. « J'ai pas eu le temps de réagir. Entre les insultes homophobes et les coups de pieds ou de poings, je me suis vite retrouver à terre. A partir de là tout est flou.. je me souviens juste qu'un mec m'a sorti de là et m'a emmené aux urgences.. ». Mes deux mains viennent se frotter contre mon visage. « Voilà tu sais tout ».

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Nous étions sur la même longueur d'onde, cela faisait des années maintenant que nous nous connaissions, sans toi, je ne serais que cette misérable poupée, cette fille d'un homme qui voulait faire de moi l'image de la petite fille parfaite, comme mon aînée, ce que je ne pouvais pas concevoir. Je ne t'aurais pas eu, c'est sur que j'aurais finis ainsi, pas photo.C'est certain, que si tu avais pas cette attirance pour les hommes, j'aurais sans doute apprécié être celle qui partagerais ta vie, en tant que copine. Tout m'avais toujours plus chez toi, tes petits côtés, même tes pires défauts, que je connaissais comme ma poche maintenant. Mais je m'étais faite à l'idée et même si a une époque cela m'avais un peu frustré, sans que je t'en parle évidemment, je m'y étais fait et j'avais passé à autre chose,car tu restais mon petit Ismaou d'amour. Ma moitié, mon ami le plus loyal. C'est vrai que quand je devais vivre ce genre de situation, cela me bouleversais un peu, j'avais tellement eu peur en ayant ce coup de fil,pensant à devoir subir bien pire que des égratignures et une côte ou deux abimés. D'un coup, j'étais soulagé que ce n'était que cela, même si j'avais clairement envie de massacrer les salauds qui t'avaient fais une telle chose.

"Pffeuh. Penses-tu. Tu le mérites alors t'a qu'à arrêter de dire des sottises et peut-être que j'arrêterais de te frapper, crétin" Grommelais-je davantage, ne perdant pas le nord pour autant, en venant croiser mes bras contre ma poitrine, prenant une moue d'enfant capricieuse. Je réagis face à ta demande, me redressant alors. Et mince,j'avais engloutis la dernière qui était au congel. Je dégaine mon téléphone, avant de dire :
"Merde...Hm bon attend bouge pas, je vais te faire cela hein ! " Dis-je en sachant parfaitement que je n'allais pas m'emmerder à la faire, je n'étais pas cuisinière, tu le savais. Mais appeler le meilleur des pizzaïolos de la ville et nous faire livrer ta pizza préférée. J'allais pour me mettre à côté pour téléphoner, avant de voir que tu voulais bien me répondre. Je me rassieds donc à tes côtés, glissant ma petite main douce et manucurée dans la tienne,écoutant tes paroles, la boule au ventre. Je déglutis, mais la colère se lit très rapidement sur mon visage.Je n'étais pas doué de base pour cacher mes sentiments, alors sur ce sujet-là..
"Tu te souviens de la tête qu'ils avaient ? Tu dois porter plainte, vraiment...Je vais les fracasser si je leur tombe dessus à ces vermines, tu peux en être assuré !" Grognais-je, le feu aux joues. J'avais appris à faire avec ton homosexualité, je respectais ton choix. Je ne supportais pas que les gens n'en fassent pas de même, d'autant plus que t'avais rien fait devant eux, c'était de la méchanceté, de l'homophobisme à l'état pur et gratuite !

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Quand bien même je préférai la gente masculine, je pouvais avouer sans complexe que Cara était la femme de ma vie. Celle avec qui je partageais tout depuis tellement longtemps. Des amitiés comme ça, je pense sincèrement qu'il n'en existe qu'une par vie. Et par chance je l'ai trouvé, étant loin d'être prêt à m'en séparer. J'imagine d'ailleurs que la réciproque est valable la concernant. C'est sans doute aussi pour cette raison que nous sommes aussi possessif l'un envers l'autre. C'est un amour sincère, propre à notre relation indestructible et particulière. Car oui elle l'est aux yeux de beaucoup. Mais qu'importe, elle nous convient parfaitement pour nous.

« Et si tu me faisais un câlin, plutôt que de frapper le pauvre infirme que je suis ? », lui dis-je en tournant doucement la tête vers elle, un petit sourire fendue par ma cicatrice sur la lèvre inférieure. Dans le même élan je cherchais à lui attraper la main. Très proches dans mon lit, je pouvais sentir la douce odeur de sa peau imbiber mes narines. Un vrai petit rayon de soleil à elle toute seule. Enfin, sauf quand elle avait bouffé la dernière pizza cachée dans le frigo. Je levai aussitôt les yeux au ciel en la voyant prendre son téléphone. C'est sûr que je ne m'attendais pas à ce qu'elle aille en faire une. Je n'avais pas envie de repartir à l'hôpital pour une intoxication alimentaire. Mon état était déjà bien assez handicapant. Mais je la vois stopper son action en entendant mes paroles difficiles à extraire de ma propre bouche. Comme un mauvais souvenir que je revivais, j'avais du mal à tout avouer. La main de Cara dans la mienne, ses doigts resserrant les miens m'aidèrent toutefois à prendre le dessus. « Je pense oui et t'en fais pas pour ça. La police est passée peu de temps avant ton arrivée. Je leur ai dit tout ce que je savais mais comme c'étaient des mecs de passage.. ça m'étonnerait qu'ils parviennent à les choper.. ». Je soupire aussitôt après ces révélations. Je ne pouvais rien faire de plus et les flics non plus. Un rictus de douleur vient m'écorcher le visage alors que je cherche à m'adosser contre le dossier du lit. « Dommage, car je suis sûr qu'avec ta taille de lilliputienne, tu les aurais alignés un par un sans problème », finis-je par laisser échapper, un petit sourire complice à son encontre. « Bon sinon elle vient cette pizza, ou tu comptes me laisser mourir de faim ? ».