Pendant un instant ... Un instant seulement, tu étais la Marge d'avant, tu étais cette fille rayonnante, emmerdant les embarras de la vie, plus forte que tout, plus forte que les embûches. Tu étais trop sûre de toi, agaçante même la plus part du temps à te croire supérieure à tout. Que dirait les gens maintenant si ils te voyaient, toi ? Marge la narcissique, Marge n'aimant personne autant qu'elle s'aime soi même. Peut être que finalement les gens t'ont bien cerner Marge, Marge la garce. Marge la salope. Toi, celle qui les regardaient de haut, le menton relevé, hautain. Quelle conne tu étais Marge, que dirait ils de toi maintenant ? Que la route tourne ? Que finalement tu es devenue comme les personnes que tu détestais ? Vide, sans ambition, sans rien pour réchauffer la coquille vide. Pendant un instant, vous étiez de nouveau ce duo implacable que vous étiez avant, Lucas et Marge. Un couple qui durera que les gens disaient, une des seules choses positives que tu entendais dans les coins de couloir, ton couple était sérieux, marcherait. On ne croyait pas en toi mais on croyait en vous deux et toi trop stupide tu te rendais pas compte que c'est Lucas qui te faisait monter sur ton pied d’est-ale. « Euhm ouais, si tu veux » Tu lui souri, naturellement. Tu étais naturelle avec lui, n'essayant pas de le manipuler pour avoir ce que tu veux, tu n'en avais pas besoin avec lui, tu n'en avais pas envie. Il était au dessus de ça. Il avait accepté, peut être de force, peut être parce qu'il avait toujours eu du mal à dire non, peut être pour ne pas te faire du mal, peut importe il avait dit oui et ça comptait déjà énormément pour toi, il allait y avoir une suite en dehors de cette boutique, et c'était le plus important. Ok ... Super alors Tu cachais ta satisfaction derrière un sourire non dissimulé, tu aurais peut être une deuxième chance après tout, peut être que tout n'était pas fini ... peut être ... Calme toi Marge, laisse le temps Marge. Ne gâche pas tout en précipitant les choses, laisse, laisse les choses aller, profite de ce qui peut se passer. « Mais nan ils ont pas honte, ils sont sûrement tristes et inquiets pour toi c’est tout. » Tu n'avais pas à critiquer ta famille quand tu sais qu'elle est parfaite par rapport à celle de Lucas, Lucas abandonné par tous, Lucas qui a une mère abjecte, une mère qui t'a toujours dégoutté, te faisant te rendre compte que tu aimes la tienne. Te faisant te rendre compte que tout les parents ne sont pas fait pour l'être, que tu fais parti des chanceux, que tu aimerais donner tellement d'amour à Lucas, Lucas se faisant abandonné par tout le monde ... même par toi. Oui sûrement ...
Mais bon moi non plus je n'aimerais pas avoir une fille comme moi ... Je suis qu'une fille à problème Problèmes ... Tu les trouvais comme des amants, bonne qu'a te foutre dans la merde ... Bonne qu'à faire des mauvais choix ... Décidément vous vous ressembliez plus que tu le pensais Lucas et toi ... Tu regardais ta montre, tu avais fini, ta remplaçante allait arriver faire les dernières heures de fermeture et toi, tu n'avais pas envie de rentrer, pas envie de te retrouver de nouveau entourée de ces murs de honte, de questions, de souvenirs horribles ... Te retrouvant seule avec toi même en pleine discussion. Non, tu n'étais pas prête à ce débat avec toi même, à savoir si tu serais assez forte ou non pour résister une soirée de plus ... « Non, j’ai rien de prévu. On peut faire ce que tu veux. » Pas beaucoup d'enthousiasme, tu pouvais le comprendre ... Une heure plus tôt il ne savait pas qu'il allait te voir et là, tu l'invitais à passer la soirée avec toi ... C'était peut être beaucoup en une heure ... On peut aller manger un hamburger ? La ou on allait manger avant ? Tu te souviens après les cours ... Ca m'a tellement manqué les hamburger d'ici, ils sont pas aussi bons à New York et puis je t'avais pas toi pour les manger avec moi, donc c'était pas pareil Tu souria, c'est vrai que c'était pas pareil sans lui, lui qui s'en foutait que tu te foutes de la sauce partout ...

« Oui sûrement ...Mais bon moi non plus je n'aimerais pas avoir une fille comme moi ... Je suis qu'une fille à problème » répondit-elle quand ils commencèrent à discuter de ses parents. Il ne pouvait pas nier que ça lui faisait quelque chose de la voir comme ça, de l’entendre parler d’elle-même de cette façon. C’était assez ironique, au final, étant donné qu’une demi-heure plus tôt il avait eu envie de lui cracher les pires insultes à la figure. Elle semblait avoir perdu toute estime d’elle-même, ce qui était assez compréhensible au fond. Lucas avait du mal à s’y faire, à cette nouvelle Marge.« Arrête de parler comme ça… » Lui qui l’avait toujours trouvée tellement au-dessus des autres, tellement au-dessus de lui. On dit que l’amour rend aveugle, c’était peut-être vrai. Personne n’est parfait. Et à l’évidence, Marge ne l’avait jamais vraiment été. Hormis dans ses yeux à lui. Peut-être qu’elle le comptait lui-aussi dans les « problèmes » qu’elle attirait. Elle n’aurait peut-être pas fini comme ça si elle avait rencontré quelqu’un d’autre, si elle était sortie avec un autre étudiant en droit aussi brillant et ambitieux qu’elle. « On peut aller manger un hamburger ? La ou on allait manger avant ? Tu te souviens après les cours ... Ca m'a tellement manqué les hamburger d'ici, ils sont pas aussi bons à New York et puis je t'avais pas toi pour les manger avec moi, donc c'était pas pareil » Si elle essayait de le mettre davantage à l’aise, c’était raté. Elle le regardait en souriant, et il n’avait pas la force de lui enlever ce sourire. Pas maintenant alors qu’elle semblait jouer au funambule, prête à tomber à la moindre faiblesse. Ce qu’ils avaient vécu tous les deux, il ne se sentait pas capable d’en parler comme du bon vieux temps avec elle, comme s’il n’existait plus aucun sentiment ou ressentiment entre eux. « Ouais on peut y aller. » se contenta-t-il de répondre, un sourire un peu forcé aux lèvres. Il se sentait ridicule et tellement con de ne pas savoir lui dire non. Et il avait tellement envie de la sentir contre lui, même juste la prendre par la main. « On y va maintenant ? Ou tu dois passer chez toi avant ? »

Le froid te pénétrait, il faisait vraiment gelant pour la saison, trop glacial pour cette fin d'été que tu aurais aimé plus ensoleillée ... Tu avais toujours aimé l'été, la chaleur, le ciel bleu sans aucun nuage et les promenades, surtout les promenades ... Entendant les enfants rire, les gens étaient toujours heureux après qu'ils aient vu un rayon de soleil, tu faisais parti de ces gens ... Le beau temps atténuait tes problèmes et te rendait plus gaie mais là, c'était mal parti ... Tu avais la chair de poule, tu aurais du penser à ramener un pull stupide Marge, penser que tu finirais par avoir froid dés que l'adrénaline produite par le boulot et par ta rencontre avec Lucas s’atténuerait ... Tu essayais de bouger un peu, bouger tes muscles tétanisés. Tu aurais aimé les bouger vers lui, qu'il te sert dans ses bras comme avant, posant sa tête sur la tienne, toi faisant quelques bons centimètres de moi et sentir sa chaleur à lui, t'envahir toi, Marge la frileuse ... Il en riait avant, de ta tendance à avoir froid tout le temps, aimait ça même lorsque tu te collais contre lui sous les couvertures, essayant de lui piquer un soupçon de chaleur, comment avais tu pu quitter tout ça Marge ... Comment avais tu pu le quitter lui, lui qui était tout ton bonheur ... Comment avais tu pu lui infliger tout ça, lui qui avait fait tant pour toi, garce. « Arrête de parler comme ça… » ... Qu'est ce que tu avais changer Marge, tu le voyais dans le reflet de ses yeux, toi l'ombre de toi même, tu n'étais plus celle dont il était tombé amoureux, tu n'avais plus d'âme, tu n'étais qu'une loque, sale, vide, sans rien du tout. Tu aimerais tellement revivre, redevenir cette fille, peste peut être, connasse, égoïste, manipulatrice, mais pouvoir de nouveau sourire sans que tu ai cette impression de jouer dans une mauvaise pièce de théatre ... Pouvoir sourire car tu es heureuse, heureuse ... Ce mot te semble tellement particulier dorénavant, tellement rare. Tu n'étais pas heureuse, tu ne rendais personne heureux autour de toi ... Coquille vide. Tu as raison ... Je m'ennuie moi même à force de me plaindre ... Relève toi au lieu de te plaindre, de pleurer sur ton sort en te demandant comment tu as bien réussi à en arriver là ... Relève toi bon sang, vis, marche, rêve, aime. Délivre toi de ces chaines qui te retienne sur ce foutu sol macabre ...

Tu le regardes, il était tellement beau, tu avais toujours aimé son regard, regard faisant craquer plus d'une fille, qu'est ce que tu te sentais fier lorsque tu étais à son bras ... « Ouais on peut y aller. » Esquisse de sourire ... Tu avais tellement besoin que pour un simple moment tout soit comme avant, tu le remercias du regard, le remercia de t'aider, de ne pas te laisser tomber alors que tu as été la première à le faire ... Ta remplaçante était arrivée, tu n'avais plus qu'a partir « On y va maintenant ? Ou tu dois passer chez toi avant ? » Tu ne voulais pas rentrer, tu avais peur de le laisser rien qu'une minute et qu'il s'enfuie, peur des questions de ta famille si ils te voient avec Lucas ... De nouveau avec Lui ? Il vient manger à la maison quand ? Non ... Tu ne voulais pas t'infliger ça, tu ne voulais pas t'entendre leur répondre que non, vous n'êtes pas ensemble et que cette situation n'arrivera sans doute jamais, une chance Marge, pas deux. Non c'est bon j'ai tout ce qui faut, on peut y aller directement si tu veux ... Tu salues ta collège. En partant, tu lui effleura la main, sa main chaude, que tu avais déjà tenu tant de fois, tu aurais aimé la tenir juste une fois encore. Tu avais failli la prendre là, l'effleurant juste, stupide Marge. Ca fait tellement longtemps que j'ai envie de retourner manger là bas je te jure mais bon je n'aime pas manger toute seule tu le sais, je me sens stupide et je n'ai personne avec qui parler ... Toi la femme la plus bavarde quand on te mets quelque chose de comestible entre les mains.

Lucas remarqua qu’elle semblait avoir froid, la chair de poule se dessinant sur les avants bras de la jeune femme. Il ne se sentait pas vraiment d’humeur à jouer les gentlemen et à lui proposer sa veste. Et puis il ne faisait pas si froid que ça, le temps s’était à peine rafraîchit, se disait-il. Il se détestait de ressentir tout ça, d’être redevenu si doux avec elle, comme le toutou qu’il avait parfois eu l’impression d’être à son égard. « Tu as raison ... Je m'ennuie moi même à force de me plaindre ... » Il serra les dents pour s’empêcher de lui répondre peut-être un peu trop sèchement. Elle ne cessait de se rabaisser et de parler comme si elle avait tout le poids du monde sur les épaules. Il ne savait pas si elle le faisait exprès pour attiser sa pitié ou si elle ne s’en rendait tout simplement pas compte. Ca l’énervait, Lucas. D’abord parce qu’il n’était pas d’accord avec ce qu’elle disait lorsqu’elle parlait d’elle-même, ensuite parce que ce n’est jamais agréable d’entendre quelqu’un parler sans cesse négativement. Ce n’était à lui de la secouer, de lui remonter les bretelles, de la remettre sur le bon chemin. Ce n’était plus son rôle, et il refusait de s’y prêter. Alors il préféra ne rien ajouter de plus. « Non c'est bon j'ai tout ce qui faut, on peut y aller directement si tu veux ... » Il haussa les épaules. Ça lui était un peu égal, qu’ils y aillent maintenant ou dans une heure. La collègue de Marge arriva pour prendre sa place, et Lucas s’éloigna de la caisse pour rejoindre la sortie, son jeu vidéo dans une de ses mains. De sa main libre il sentit celle de Marge l’effleurer, mais il fit mine de rien. Elle n’avait probablement pas fait exprès. Il poussa la porte et sortit de la boutique avec elle, goûtant aussitôt au vent frais. « Ca fait tellement longtemps que j'ai envie de retourner manger là bas je te jure mais bon je n'aime pas manger toute seule tu le sais, je me sens stupide et je n'ai personne avec qui parler ... » Ok, elle allait faire la conversation. Logique. A quoi avait-il pensé ? Qu’ils allaient aller ensemble à ce fastfood et puis manger à deux tables différentes ? Bien sûr que non. Il commença à marcher vers le restaurant, Marge à ses côtés. « J’y suis pas retourné depuis longtemps non plus » Il n’y était pas retourné du tout. « Elle avait l’air sympa ta collègue, non ? J’suis sûr que tu vas vite te refaire des potes. » Bon, il allait sans doute falloir qu’elle fasse quelques petits efforts mais ça ne devait pas être si compliqué. Mais peut-être était-ce elle qui n’en avait tout bonnement pas envie. « Ou à ton centre là, tu pourrais te faire des amis aussi. Ils sont dans la même galère que toi je suppose »

Tu avais froid, le vent te fouetta le visage dés que tu sortis. Claque dans le visage, dents qui claquent ... Tu aurais du mettre une veste plus chaude, c'est sûr ... Toi la frileuse, tu aimerais te blottir dans ses bras ... T'envelopper dans sa chaleur, lui caresser le dos, être juste bien, là ou tu devrais être tout simplement. Place libre dorénavant, n'importe quelle fille pourrait prendre ta place, n'importe quelle fille pourrait devenir son petit trèsor à lui. Tu n'étais plus rien Marge, qui part de sa place, la laisse à une autre. Tu n'y avais pas pensé avant, penser qu'il pourrait te remplacer, qu'il trouverait mieux que toi, stupide Marge. Qu'est ce que tu étais narcissique à l'époque, comme si tu valais mieux que les autres filles ... Pauvre Marge, la redescende c'est dur, surtout quand tu as essayé d'aller très haut, chute infernale, chute impossible, mortelle. Tu bailla, normalement tu serrais rentrée, tu aurais pris un simple biscuit et tu te serrais enfermée dans ta chambre, fuyant les reproches, les discussions à répétitions, disant toujours la même chose, parents n'arrivant plus à trouver une discussion avec toi, éraillure sur le refrain de la drogue, bug sur ton centre de désintoxication. Ils ne te demandent jamais comment tu vas vraiment, toi, comment va ton boulot, comment va ta vie, si tu as des amis, si tu es heureuse tout simplement ... Tu aimerais bien parler à tes parents, parler de Lucas avec ta mère, tu parlais toujours avec elle avant ... De tout ... Ou est ce que ça avait vraiment cloché ? « J’y suis pas retourné depuis longtemps non plus » Tu es heureuse au fond, heureuse qu'il n'y ai pas été avec quelqu'un d'autre, au moins cet endroit c'est toujours le votre, toujours plein de vos souvenirs, tellement de rires, de joie, tu n'aurais pas aimé qu'il partage ça avec une autre fille ... Non vraiment pas ... « Elle avait l’air sympa ta collègue, non ? J’suis sûr que tu vas vite te refaire des potes. » Sa collègue, c'est vrai qu'elle était sympa, elle avait essayé de faire la conversation avec toi, plusieurs fois même ... Toi, tu ne savais pas vraiment quoi dire, du mal à trouver des mots, mots qui auraient pu passer sans que tu ai l'air de cette folle que tu es devenue ... "Elle est vraiment très gentille c'est vrai, on a discuté une fois ou deux. J'ai juste un peu de mal, à me refaire des amis,
j'ai perdu tellement de gens que j'aimais que j'ai l'impression de porter la poisse ...
Mais c'est vrai que je devrais faire des efforts avec elle ... Tu souriais, tu étais vraiment bien avec lui ... Sur un petit nuage, calme toi Marge, il ne t'aurait pas dit non même si il en avait envie, tu le savais, tu le connaissais, il n'aime pas faire du mal aux gens, surtout à toi Marge, tu avais été importante et tu le savais ... « Ou à ton centre là, tu pourrais te faire des amis aussi. Ils sont dans la même galère que toi je suppose » Tu avais Levy, Levy étant devenue ce qui ressemble le plus à une meilleure amie ... Tu l'avais rencontré à l'hôpital, tu étais totalement en manque, elle venait de sortir d'une chimio, deux filles bien dans la merde ... Ta petite béquille, tu étais son épaule, indispensable l'une à l'autre ... En fait, j'ai une amie, très proche même, la seule. On s'est rencontré à l’hôpital, on se voit souvent quand ça ne va pas, elle est vraiment là pour moi et j'essaie d'être là un maximum pour elle ... Je l'accompagne souvent à l'hôpital, chimiothérapie, elle a une leucémie ... Tu étais sûre qu'elle s'en sortirait, sûre et certaine, elle ne pouvait pas mourir, elle était trop forte, trop battante ... Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans elle, ça me fait du bien de l'avoir tu sais, de servir à quelque chose, que quelqu'un a vraiment besoin de moi ... L'air chaud du restaurant te faisait du bien, tu te sentais mieux, prête à attaquer, ventre dans les talons.