Crampe dans le ventre, étirement des muscles ... Tu devenais vieille, seule avec ton éternel mug de chocolat chaud, tu baillais, devant un vieux film passant sur la première chaîne, baillant à vingt et une heure, heure ou les gens de ton âge sortent, boivent, font l'amour, des choses excitantes. Toi, tu t'excites quand tu entends le scintillement sonore de la fin du compte à rebours de ton micro ondes, badant. Mal à la jambe, séquelle de ton dernier grand exploit, grand exploit t'amenant à l’hôpital, au moins cet accident de voiture t'a valu des fleurs, des sourires, des hypocrites venant pour faire bonne convenance, pour ne pas se sentir trop coupable, des mecs venant te voir grand sourire espérant pouvoir t'écarter tes jambes une fois remise en état. Ils étaient tous venu, sauf lui, il n'était pas venu, tu avais essayé pourtant, tu lui avais envoyé des messages, il t'avait répondu, trop occupé, trop de boulot pour venir voir sa meilleure amie, passons. Tu tenterais toujours, il méritait que tu tiennes pour lui, tu n'étais qu'une suiveuse, tu ne pouvais pas vivre sans Samuel c'était comme ça, il le savait, il en jouait probablement, nourrissant son machisme de ta dévotion sans faille.

Tu avais besoin d'une bière, besoin de te saouler la gueule, de te pisser dessus de rire, de ne pas te souvenir de la veille, tu avais besoin de choses à raconter, besoin de vivre tout simplement. Tu en avais marre de rester seule, seule avec tes démons en unique conversation, avec ta sœur, t'imaginant la voir là, assise les pieds recouvert d'un plaid, chocolat avec trois guimauves, te disant de te bouger le cul avant que tu sois aussi vieille, aussi flétrie que votre chère matriarche. Alerte ! Alerte ! Je n'ai plus assez d'alcool dans le sang, je me sens mal ! Besoin de vous au bar, dans trente minutes très chers padawan ! Bisous, bisous sur votre fesse gauche. Une Ellen assoiffée. Clic, envoyé. Séance de maquillage pour cacher les cernes, pour cacher le mal qui te déchire. Fond de teint pour cacher les signes de vieillesse, rouge à lèvres pour embellir ce sourire tellement terne depuis quelque temps. Besoin de vivre, scène une, lever de rideau. Tu descends, hâte de les revoir, d'être de nouveau toi même, avec eux tenant chacun un morceau de ton coeur.

Tu reçois sms sur sms. Téléphone vibrant dans la poche de ton téléphone et toi, Ellen tu ne peux t'empêcher de sourire en voyant les messages positifs de tes amis. Qu'est ce que tu pourrais bien faire sans eux que tu te dis ... Absolument rien sûrement ... Seule personne manquant à l'appel, Samuel, devenu une habitude, tu essaies en vain d'étouffer le sanglot s'agrippant dans ta gorge ... Qu'est ce que tu avais bien pu faire bon sang pour qu'il t'évite à ce point, lui qui pourtant ne t'avait jamais lâcher même dans les pires moments, moments où tout le monde t'aurait laissé tomber, il était là pour finalement mieux disparaître par la suite ... Tu savais bien que néanmoins tu lui pardonnerais toujours, c'était ça aussi, il savait, Samuel, l'emprise qu'il avait sur toi, tu étais sa petite marionnette, il tenait tout les fils de ton cœur, pouvant te faire bouger à sa guise, toi sa petite poupée de chiffon .. Tu ne peux plus supporter ça, tu as besoin d'un verre, maintenant, de tes amis, tout de suite ... Eux seuls peuvent te comprendre, vraiment ... Vous quatre ... Ismael, Cara, Tobias ... Comme ta famille, longtemps que vous n'étiez plus vraiment ensemble tout les quatre, trop de choses à faire, beaucoup de choses à raconter autour d'une bière sans doute ... Tu enfiles ta veste jaune, froideur macabre pour une fin d'été, hâte d'être dans la chaleur du bar, chaleur familière, trop familière, saoularde va !
Tu étais la première, la moins loin du bar aussi, une centaine de mètres seulement ... Tu aimais ton appart' ... A quelques centaines de mètre de tout finalement ... Tu les attendais, guettais leur arrivée .. Cara et Ismael arriveraient ensemble bien entendu, surement les derniers les connaissant, prenant leur temps pour pas changer ... Tu les aimais tant ... Tobias arriva en premier et tu lui sauta dans les bras, il t'avait tellement manqué, il n'était pas là souvent avant ... Et bien moi tu m'as vraiment manqué tu sais ! Et c'est que tu es pas mal non plus hein ! C'est pour m’impressionner que tu t'es fait aussi beau gosse c'est ça ? Tu rigoles, vivement que les autres arrivent ...