il y a son pré-pré-réveil qui se met à sonner. évidemment, kip a aussi rajouté l'option vibreur pour pas le rater. il est bientôt huit heures et il doit absolument se lever pour aller au boulot. on l'attend à neuf heures trente au bar qui bien heureusement n'est pas très loin de chez lui. c'est son premier jour de travail alors il veut faire bonne impression. mais il se lève avec le goût amer d'une mauvaise nuit sur la langue et les paupières tellement lourdes qu'elles l'entraîneraient presque à tomber vers l'avant. il pousse un de ces râles d'animaux mourant ou simplement de mec grincheux qui n'a pas envie de sortir de son lit. s'il a si mal dormi, c'est à cause du voisin. quand il a emménagé ici, quelques jours auparavant, il était prévenu de l'épaisseur des murs. du papier à cigarette. mais le loyer est abordable pour les étudiants, les parents célibataires, les grands-mères, les junkies et les gars paumés comme lui. et il lui fallait un endroit où rester. il pouvait pas éternellement squatter le canapé de simon, ce gars qu'il a rencontré au bar. ni se payer un hôtel pour les cent prochains soirs. alors il avait commencé à apprendre à faire avec. mais c'est plus facile à dire qu'à faire, quand on se dit que si la voisine de gauche épluche des oignons, ça nous irrite les yeux d'ici. quand le gars du dessus met la musique à fond, c'est tout comme avoir tout ibiza dans son propre salon. et lorsque le gars d'à côté baise, on a l'impression d'être de la partie. c'est tout spécialement pour cette dernière raison qu'il est resté éveillé une bonne partie de la nuit. et c'est pas la première fois que ce gars ramène quelqu'un. kip peut presque les identifier, maintenant. toujours des gémissements différents qui déchirent les nuits de tous les habitants du putain d'immeuble. alors aujourd'hui, avant même d'aller faire son salut au soleil, kip s'est mis en tête d'aller se plaindre au mec. pendant trop longemps il s'est laissé marcher sur les pieds. on a bien trop souvent envahi son espace vital et même s'il est loin d'être le voisin chiant qui donne des coups de balai au plafond pour te dire de la fermer, il a ses limites. habillé d'un simple caleçon rose avec un piment brodé sur le côté et un jeu de mot douteux inscrit au-dessus, ainsi que de son collier avec pendentif en forme de tortue, il sort de chez lui. il sait lui même qu'il n'est pas le moins impudique, il n'y a qu'à voir sa dégaine actuelle. mais il ne laissera personne grignoter son sommeil. il toque trois fois. trois fois encore. trois fois encore. puis il finit par sonner pendant un temps relativement trop long, ne décrochant son doigt de la sonnette que pour la marteler de façon totalement irritante. et quand la porte s'ouvre enfin, il ne laisse pas la personne derrière ouvrir la bouche. hey, i'm kip, the boy next door. i didn't want to interrupt your intercourse last night so here i am early in the morning to get things straight. le ton est acide. today's my first day at work and i really needed some sleep last night but it seems like both of us didn't get much, am i right ? il pose ses mains sur ses hanches et a soudain l'air d'une vraie garce. so please, be fucking quiet next time, than it would be less like you're having sex in my living room. emphase sur les mots "fucking" et "sex".

“give you hell” ♡

sean avait passé la soirée dans le bar populaire de maggie valley. il était allé pour décompresser de sa dure séance de sport qu'il venait tout juste de terminer. il y était allé simplement pour boire un bon mojito, mais il avait rencontré un inconnu, qui restait juste cette nuit en ville. il lui avait dit qu'il n'était que de passage, qu'il devait partir le lendemain matin à l'aube pour rejoindre sa famille, à quelques centaines de kilomètres de maggie valley. entre eux deux, le courant était très bien passé. tout les deux savaient de quelle orientation sexuelle ils étaient, et cette soirée se termina comme la majorité des soirée avec sean. il l'amena chez lui, et ils baisèrent comme des lapins durant toute la nuit. dans toutes les pièces, toutes les positions. cette soirée fut intense en plaisir et en découverte. jamais sean n'aurait imaginé qu'un quadragénaire aurait été si endurant et si bruyant. ils s'étaient endormi vers quatre heures du matin, après plus de deux heures de baise. car oui, ils ne s'étaient pas fais l'amour. ils s'étaient baisés, simplement pour combler leur besoin sexuel du soir. lorsque l'homme quitta l'appartement, sean dormait toujours profondément. il avait les membres endoloris et les paupières lourdes. ils ne se dirent même pas au revoir. pas besoin, ils ne se reverraient jamais. le jeune homme plongea dans un sommeil profond, mais fut rapidement réveillé par des tapements contre sa porte d'entrée. sean poussa un grognement et planqua sa tête sous sa couverture. puis la sonnette retentit dans tout l'appartement. batman se mit à aboyer comme un dingue. sean se leva péniblement, un caleçon. “ quiet, boy, ” murmura-t-il d'une voix endormie à son chien. il lui fit une petite tape amicale sur la tête, et alla ouvrir la porte, s'attendant à voir son plan cul de la veille, mais non, ce n'était définitivement pas lui. les paupières lourdes, sean scruta de haut en bas l'énergumène qui venait de le réveiller. caleçon rose bonbon, pendentif tortue, il n'avait jamais vu ça. ce mec semblait énervé, et le visage de sean se décomposa en l'écoutant. il mit un certain temps avant de répondre, l'esprit encore endormit. “ wait a minute dude, ” marmonna-t-il en se passant une main sur son visage endormie. “ i'm sorry if i bothered you last night but it was last night. now I would like to sleep, and my dick too, ” s'exclama-t-il, sentant la colère monter en lui. se faire réveiller pour une connerie pareille ? et par un mec jalousant ses parties de jambes en l'air ? sean aurait définitivement tout vu.

le ton sur lequel il l'adresse est plein de la même animosité. il s'agit là de deux mêmes bêtes mal lunées au réveil, toutes les deux sentant leur sang ne faire qu'un tour pour des raisons différentes, mais impliquant l'une l'autre. kip le foudroie du regard et ne croise pas les bras, il les garde bien sur ses hanches. il a vu dans un documentaire que le mal dominant ne croisait jamais les bras, il forçait, par sa simple présence, les autre à le faire. certes, il s'agissait d'un reportage comparant les gorilles aux hommes, mais ça marchait toujours. il en était sûr. et à l'instant, il bombait le torse comme tarzan en espérant que l'autre courbe l'échine. des deux, qui avait le plus de raisons d'être sur les nerfs ? le gars qui a pas pu dormir de la nuit à cause de son voisin qui baise, ou le gars qui a baisé toute la nuit et qui ne peut donc pas se reposer ce matin à cause du voisin qui vient s'en plaindre ? kip ne va pas laisser passer ça aussi facilement. sa façon de s'excuser et vide, peu sincère. kip le sent, kip le sait. il ne veut pas s'attirer d'ennuis, mais il souhaite vraiment que sa remarque ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. malheureusement, sean ne semble pas du tout enclin à l'écouter et préfère totalement lui dire que "le passé, c'est le passé". l'excuse la plus nulle du monde. - last night ? what about two nights before ? or even two nights before that ? i mean,the only thing i've ever heard in this building is your dog barking and the bitches you come home with. il n'était pas arrivé il y a longtemps, mais ça commençait déjà à lui taper sur le système, c'est pour dire. - and i really don't care about the level of fatigue of your dick, "dude", i just want it to be the last of my problems.